• La guerre selon Charlie Wilson, de Mike Nichols (USA, 2007)

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Où ?
Au MK2 quai de Loire, rejoint par une belle balade en vélo sous un ciel clément

 


Quand ?

 

Dimanche soir, au retour du week-end

 


Avec qui ?

 

Ma femme, et une salle pleine

 


Et alors ?

 

« Vous croyez réellement que c’est avec des films que vous allez faire bouger les choses ? ». La réplique – qui évoque le conflit afghan des années 80 et non l’Irak
d’aujourd’hui – est issue de La guerre selon Charlie Wilson, film qui ne fera bouger que le coude de votre voisin au moment de vous réveiller à la fin de la séance. On
touche en effet là au degré zéro de l’engagement, politique (j’y reviendrai) mais aussi cinématographique. La mise en scène de Mike Nichols, 76 ans, et dans une autre vie réalisateur talentueux,
du Lauréat par exemple, est dans la lignée de ce qu’il avait déjà fourni pour Closer, son dernier film : une spectaculaire platitude,
patiemment construite sur l’absence de rythme, de point de vue, de choix artistiques.

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Le reste du film est à l’avenant. À l’exception de Philip Seymour Hoffman (Truman Capote), seul à tenter construire quelque chose, les acteurs interprètent a minima des
personnages superficiels, depuis les seconds rôles utilitaires aux stars Tom Hanks et Julia Roberts, pris en flagrant délit de fainéantise. Quant au scénario, il réussit à être vide de toute
péripétie ou progression dramatique : le député Charles Wilson passe 3 coups de fil, visite 2 camps de réfugiés au Pakistan (où l’on viole les jeunes femmes aveugles et assassine les
dirigeants élus ; quelle bande de sauvages), couche avec une milliardaire et la guerre en Afghanistan est réglée en une heure et demie.

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C’est à cause de ce thème central au film que la désinvolture affichée et le revival années 80 (une tendance de plus en plus marquée dans le cinéma américain, dont l’on ne peut pas
vraiment se réjouir) de …Charlie Wilson deviennent gênants plutôt que futiles. L’esthétique hideuse de cette époque, ça passe ; mais son culte de l’argent-roi et du
cynisme politique exposés sans recul ni lien avec le présent, ça casse. J’ai du mal à voir où le film est censé être satirique – de même que j’ai du mal à voir où il est censé être drôle – alors
qu’il va falloir une dizaine de films du gabarit de Lord of war pour compenser l’effet abêtissant d’une courte scène de marchandage d’armes aux allures de concentré de
clichés. Ce n’est pas que je pense que la politique ne doit donner lieu qu’à des films graves et austères ; simplement qu’ils aient au fond d’eux un minimum de sérieux et d’implication. Pas
comme ici où, volontairement ou non (quelle réponse est la pire ?), les talibans et Ben Laden ne sont même pas vaguement évoqués ; l’Afghanistan se révèle un moyen pratique de détourner
le regard des déroutes au Vietnam et en Irak ; et le message se résume à nous dire qu’il y a 25 ans l’URSS communiste était un vrai péril pour le monde, mais que les cow-boys texans ont eu
les couilles suffisantes pour les vaincre. Yeah !

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