• L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, de Andrew Dominik (USA, 2006)

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Où ?
Au cinéma des cinéastes, dans la grande salle qui a démontré à cette occasion (film en cinémascope, son Dolby Digital extrêmement sollicité) qu’elle n’a rien du tout à envier aux salles prestige
des multiplexes

 


Quand ?

 

Lundi soir

 


Avec qui ?

 

Ma fiancée, intriguée par le casting

 


Et alors ?

 

Le qualificatif d’arlésienne est presque un euphémisme pour L’assassinat de Jesse James…, puisque l’on trouvait déjà un teaser de ce film sur le DVD de la
réédition de La prisonnière du désert, sorti il y a maintenant… un an et demi. Le calvaire qu’ont dû être les négociations autour du montage se ressent d’ailleurs dans
le traitement erratique des personnages secondaires, qui peuvent se retrouver au centre de l’intrigue le temps de quelques scènes avant de subir sans réelle logique de longues éclipses.

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Sinon, puisque l’on parle du chef-d’œuvre de John Ford La prisonnière du désert, le réalisateur Andrew Dominik l’a vu. Et il tient à le faire savoir, en reprenant à 3
reprises le fameux plan de l’embrasure de la porte donnant sur l’immensité de la nature. C’est là un des tics maniéristes qui polluent le film parmi tant d’autres – passage des nuages filmé en
accéléré et déformation artificielle de l’objectif sur les bords du cadre complètent le podium des plus utilisés. Encore plus que leur présence répétée, c’est l’absence de motivation intégrant
ces fioritures dans une démarche globale qui en fait des gadgets énervants. L’assassinat de Jesse James… se voudrait en effet contemplatif, avec un rythme volontairement
très lent, mais cela m’a semblé n’être rien de plus qu’un rideau de fumée pour masquer que le film sonne irrémédiablement creux. Pendant 2 heures, on a un mec se conduisant comme s’il était déjà
mort (Jesse James – Brad Pitt, qui joue le déséquilibré comme dans Fight club) et un mec pas encore réellement vivant (Robert Ford – Casey Affleck, convaincant en
anonyme totalement effacé derrière son idole) qui s’observent et se jaugent sans que rien n’évolue. Aucune évolution psychologique, aucune péripétie autre que les exécutions successives des
membres du gang – scènes qui ruminent sans imagination la fascination de Jesse James pour la mort, dont on comprend dès le 1er coup qu’il la transpose sur ses acolytes/traîtres potentiels, merci.

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Pour rendre attachant un tel surplace, il faudrait jouer sur les non-dits. Par contrainte ou volontairement, Dominik nous assène 3 fois chaque fait, chaque sentiment : par la mise en scène, le
montage, et la voix-off. Il n’y a dès lors que la dernière demi-heure, sur le destin ingrat de Ford après qu’il ait tué James, qui parvient à développer une histoire intéressante et à la filmer
avec une vraie cohérence de style – un mélange puissant de froideur et de mélancolie. Le film commence, mais il est déjà fini.

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