• L’an 1, de Harold Ramis (USA, 2009)

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Où ?

A l’UGC Orient-Express, dépositaire officiel et quasi-exclusif (trois autres salles sur Paris…) de cette catégorie de comédies américaines volontairement crétines et impolies

 

Quand ?

Mercredi après-midi

 

Avec qui ?

Ma femme

 

Et alors ?

 

L’an 1 ne trône pas au sommet des productions
Apatow
, loin s’en faut. Le film ne parvient jamais à concrétiser pleinement l’immense potentiel de son concept de départ (une comédie sur les hommes préhistoriques ; la même
fausse bonne idée que celle dans laquelle les Robins des Bois se sont à moitié empêtrés avec RRRrrrrr !!!), et donne d’un bout à l’autre le sentiment qu’il pourrait faire
mieux. Cependant, la fine équipe qui réinvente tranquillement la comédie US dans son coin a suffisamment de talent, de bonnes idées et de folie pour garantir un niveau minimal au-dessus de la
moyenne à chacune de ses créations. La facilité d’intégration des nouvelles têtes et de leur style d’humour est une raison parmi d’autres de ce succès continuel. Ici, au milieu des habitués qu’il
est toujours plaisant de retrouver – en particulier deux têtes du trio de Supergrave, Michael Cera et Christopher Mintz-Plasse –, ce sont Jack Black dans le rôle principal et
David Cross (Tobias dans Arrested Development) en Caïn qui s’invitent à la fête. L’un comme l’autre s’en donnent à cœur-joie dans ce qu’ils font de mieux : le délire
mégalomane et rétif à toute autorité pour le premier, l’amoralité illuminée et dérangeante pour le second.

Si vous avez lu « Caïn » au paragraphe précédent, c’est normal. Au cours de leur périple vers on ne sait trop quel but (eux non plus ne savent pas), les deux héros Zed – Black – et Oh –
Cera – vont être des témoins actifs du meurtre d’Abel par son frère Caïn, et du sacrifice fait à Dieu par Abraham de son fils Isaac. Harold Ramis et Judd Apatow, en juifs n’aimant rien plus que
malmener l’histoire de leur peuple (voir la scène où le premier vient faire le rabbin / producteur de disques dans Walk hard, écrit et produit par le second), se régalent avec ces deux passages-clés de l’Ancien
Testament, détournés de leur fonction sacrée par la bassesse très contemporaine des personnages qui y prennent part. Isaac est un ado rebelle qui ne pense qu’à fumer de l’herbe et à aller
s’encanailler à Sodome, Abraham est un illuminé complètement déconnecté du monde réel et capable de s’enthousiasmer sur le principe de la circoncision, et – le meilleur pour la fin – Caïn est un
traître hypocrite et compulsif qui retourne sa veste toutes les cinq minutes si cela lui permet de sauver sa peau ; un trait de caractère très efficacement utilisé par le scénario pour faire
réapparaître le personnage dans des situations surprenantes et hilarantes.

Le reste du temps, L’an 1 est étonnamment fidèle au scénario de l’inoubliable navet 10000, au point qu’il pourrait en être la parodie non-officielle. La seule différence – de taille – entre les deux films étant que dans le
plus récent, les acteurs savent qu’ils jouent dans une grande farce sans aucune crédibilité et en rajoutent dès lors bien volontiers. Aux costumes, décors et rebondissements douteux vient ainsi
se greffer une succession quasi-ininterrompue de gags inégaux dans la qualité mais constants dans la logique : détraquer la vraisemblance temporelle du film en donnant aux personnages vêtus
de peaux de bêtes et de pagnes des comportements et références d’aujourd’hui en matière de techniques de drague, droit du travail, sexualité… et en mélangeant allègrement les époques entre hommes
des cavernes n’ayant pas encore découvert la roue, paysans pratiquant une agriculture sédentaire et organisée, cité égyptienne d’envergure et aux réalisations majestueuses. Ça ne fait assurément
pas avancer le monde, mais L’an 1 y gagne de quoi faire rire à un rythme raisonnablement soutenu pendant 1h30.

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