• L’anti – 10000 : Pathfinder, de Marcus Nispel (USA, 2007)

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!

Où ?
A la maison, en DVD zone 2 emprunté au CE

Quand ?
Mardi soir

Avec qui ?
Seul

Et alors ?

Il est tout à fait possible de réussir un film d’action hollywoodien situé dans une période « barbare », loin des canons de la civilisation occidentale ; au contraire de
10000, des films comme Le 13è guerrier de John McTiernan ou ce
Pathfinder en sont 2 bons exemples. Malheureusement, ils sont également des exemples des misères qu’un réalisateur doit être prêt à subir quand il se lance dans un tel projet. Il
semble en effet inévitable qu’à un moment ou à un autre, le studio se réveille, prenne soudain peur de la radicalité du projet et coupe tout ce qu’il peut : le budget, l’effort sur le
marketing et la sortie en salles, et bien sûr le film lui-même sur la table de montage.

Pathfinder conte une rencontre un peu réelle (sur le fond) et très romancée (dans son déroulement mouvementé) entre des Indiens d’Amérique et une horde sanguinaire de Vikings,
débarqués sur les côtes américaines 800 ans avant Christophe Colomb. On se retrouve donc avec une situation inhabituelle et qui attise la curiosité, par la grâce d’un renversement des valeurs qui
fait des indiens les bons et des blancs blonds aux yeux les méchants – ce sont d’ailleurs ces derniers qui se retrouvent ostracisés par rapport aux habitudes du genre, en parlant dans le film une
langue autre que l’anglais. Dans les 1ères scènes, le réalisateur Marcus Nispel s’attarde par ailleurs longuement sur la vie ordinaire du village indien, ses coutumes et ses routines, non par
curiosité pour l’exotique mais de la même manière que s’il filmait des gens vaquer à leurs occupations quotidiennes à Los Angeles ou à Berlin de nos jours.

Bien sûr, il y a dans Pathfinder un scénario typique du genre, avec un côté presque archaïque à une époque où les antihéros et les morales incertaines gagnent film après film du
terrain – le personnage principal, viking survivant du naufrage d’un précédent navire de son peuple et élevé parmi les indiens, deviendra au fil des batailles le héros qui parviendra à protéger
son peuple adoptif de l’envahisseur. Nispel visait peut-être quelque chose de plus ample et grandiose, mais la compression subie par le film (à peine plus de 90 minutes, sûrement pour maximiser
le nombre de séances) a certaines conséquences positives. Le scénario est ainsi libéré des habituels temps morts et circonvolutions qui ralentissent ce genre de récit, et prend la forme d’une
brutale juxtaposition de scènes du quotidien et de longs tunnels d’action quasi muets. Ce qui colle assez bien avec l’irruption imprévue des Vikings dans le monde des Indiens, tout comme le
charisme incertain de Karl Urban colle bien à l’effacement de son personnage, dépassé par les événements et les responsabilités qui lui tombent dessus.

On atteint presque un certain idéal de pur survival, qui combine en prime plusieurs atouts des plus appréciables : un aspect visuel superbe, aux teintes sombres et bleutées dignes
des plus beaux univers d’heroic fantasy ; un refus viscéral – c’est le cas de le dire – de se retenir sur le gore, donnant lieu à des gerbes de sang et à des bruitages propres à des coups
d’épée qui font vraiment mal ; et enfin un scénario qui sait astucieusement alterner ses péripéties et ses ambiances. Après un démarrage en forme de course-poursuite dans les bois effrénée
et ultra violente, le film prend une tournure plus ironique dans sa 2è partie (les pièges tendus par le Héros se retournent contre lui), et enfin très astucieuse pour conclure – ayant appris
de ses erreurs, le Héros fait fonctionner ses méninges et en tire des idées qui marchent.

On ne s’ennuie donc jamais ; mieux, on prend souvent un plaisir gratuit mais réel à suivre Pathfinder. Un plaisir auquel participent malgré eux les ratés indéniables du film,
qu’il s’agisse de scènes stupides (poursuite en luges improvisées, amourette incongrue entre le héros et l’héroïne) ou des effets spéciaux catastrophiques du final, qui combinent versions non
finalisées des images de synthèse et stock-shots intégrés à la va-vite. Autant de choses sûrement dues aux relations tendues entre le réalisateur et le studio, et qui font de
Pathfinder une série B, une vraie de vraie, que l’on aime à apprécier en tant que telle.

 

Les commentaires sont fermés.