• Je suis un cyborg, de Park Chan-wook (Corée du Sud, 2007)

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Où ?
Au MK2 Beaubourg, petit ciné discret caché à l’ombre du Centre Pompidou

Quand ?

Le soir de Noël (le 25 hein, pas le 24 !)

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Après sa trilogie aux confins de la tragédie entamée brillamment (Sympathy for Mr Vengeance, Old boy) et conclue en eau de boudin (Lady vengeance), à quoi peut ressembler la normalité selon Park chan-wook ? A un asile de fous. Certes, il y a des couleurs vives, des blagues, des enjeux dramatiques en mode mineur comme dans une vraie comédie romantique et une séquence d’ouverture à la Charlie & la chocolaterie (musique inspirée de Danny Elfman incluse), ça reste un asile de fous. Avec des pensionnaires dont Park prend bien le temps de nous présenter les dérangements, au cours de saynètes qui constituent la plus grande partie de la 1ère heure du métrage. Ces sketchs sont amusants (une mythomane très en verve, un homme qui se sent obligé de s’excuser auprès de tout le monde, une fille dont le rêve est de devenir chanteuse de tyroliennes dans les Alpes…) mais ne mènent pas vraiment quelque part.

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Au bout d’une heure, donc, Park décide de se concentrer sur la romance entre ses 2 personnages principaux : Young-goon, une jeune fille à l’histoire familiale mouvementée puisque sa grand-mère se prenait pour une souris, et qui elle-même croit être un cyborg (elle refuse donc la nourriture, et cherche un moyen de se recharger en énergie électrique) ; et Il-sun, un voleur d’un genre particulier – il peut voler des choses comme votre compassion ou votre talent au ping-pong. L’absence d’ultra-violence ou d’événements traumatisants ici, contrairement aux films de la fameuse trilogie, ne rend pas seulement Je suis un cyborg gentil et sans prétentions : elle offre à Park la possibilité d’un nouveau public, et elle lui permet d’obtenir définitivement ses galons de cinéaste y compris auprès de ses détracteurs les plus bornés. Dans un genre très différent de celui qui l’a rendu célèbre, et au passage très casse-gueule, il parvient grâce à sa virtuosité formelle et à ses brillants talents de conteur (soit la même combinaison que celle qui habite un de ses plus grands fans, Quentin Tarantino) à nous émouvoir lorsque Il-sun réussit à convaincre, avec beaucoup d’inventivité, Young-goon à… manger. Dit comme ça, ça semble bête. Promis, c’est vraiment touchant à l’écran.

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P.S. : c’est du coup d’autant plus dommage que Park n’ait aucune idée sur comment conclure son film après ça.

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