• Infimes évolutions de l’organigramme du cinéma d’auteur

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Avec ses neuf réalisateurs déjà primés sur vingt concurrents (et, a l’opposé, aucun bizuth), l’annonce de la sélection officielle du 62è Festival de Cannes ne laissait pas augurer d’un dénouement
révolutionnaire. Le palmarès révélé par le jury et sa présidente Isabelle Huppert ce dimanche l’a – un peu trsitement – confirmé, donnant du cinéma d’auteur mondial l’image d’une multinationale au
sein de laquelle les positions évoluent lentement, sans à-coups, et de manière extrêmement codifiée.

Cette année, il y a ainsi eu :

– les récents arrivants prometteurs, qui pour leur deuxième sélection se voient remettre des prix annexes (prix de la mise en scène pour Brillante Mendoza avec Kinatay ;
prix du scénario pour Nuits d’ivresse printanière de Lou Ye) ;

– leurs prédecesseurs à ce poste, qui maintenant stagnent avec un prix du jury ex-aequo alors qu’ils l’avaient déjà obtenu (Andrea Arnold, pour Fish tank après l’avoir eu
pour Red road) voire avaient eu mieux (Park
chan-wook pour Thirst, après un Grand prix du jury pour Old boy) ;

– ceux qui ont déjà connu l’honneur d’avoir été portés au sommet de la pyramide, et que l’on distingue désormais indirectement, par leurs acteurs : prix d’interprétation masculine pour
Christoph Waltz dans Inglourious Basterds de Quentin Tarantino (palme d’Or 1994 pour Pulp ficton), prix d’interprétation féminine pour Charlotte Gainsbourg
dans Antichrist de Lars Von Trier (palme d’Or 2000 pour Dancer in the dark)

– ceux qui, malgré tous leurs efforts, semblent bien ne jamais devoir atteindre ce sommet mythique – Pedro Almodovar dont Les étreintes brisées repartent bredouilles, Alain
Resnais à qui l’on a fait l’aumône d’un prix de la retraite (pardon, d’un prix « exceptionnel du Festival » – Clint Eastwood avait refusé de cautionner une mascarade similaire l’an dernier) ;

– et enfin, les bons élèves à qui l’on avait su signifier par le passé qu’on ne les oubliait pas et qui grimpent chacun d’une case. Après le prix du scénario qu’avait obtenu Un héros très
discret
, Jacques Audiard se voit ainsi gratifié du Grand prix du jury pour Un prophète ; quant à l’autrichier Michael Haneke, qui avait eu ce même Grand prix pour La
pianiste
, il atteint cette année la récompense suprême, la palme d’Or, pour Le ruban blanc.

Très honnêtement, ce palmarès (particulièrement en ce qui concerne les deux derniers longs-métrages, dont j’attends avec impatience la sortie ou peut-être le passage à Paris Cinéma) est cohérent
des compte-rendus de séances lus un peu partout sur le net et dans la presse pendant ces dix derniers jours ; aucun des films ayant marqué les spectateurs n’a semble-t-il été laissé de côté. Mais
sa prédictibilité fait miroiter le risque d’un engourdissement du Festival, un enfermement dans sa splendide tour d’ivoire. Espérons que l’année 2010 renouera avec les prises de risque de 2008 (les
italiens Il divo et Gomorra, Entre les murs bien sûr), voire même saura les amplifier.

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