• I’m not there, de Todd Haynes (USA, 2007)

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!

Où ?

À l’UGC Normandie

Quand ?

Mercredi soir, le jour de la sortie

Avec qui ?

Ma femme, et un ami américain (pas le même que pour La nuit nous appartient). Salle moyennement remplie.

Et alors ?

nothere-1.jpg
I’m not there
est à mes yeux une vraie déception, un pari raté. Reconnaissons à Todd Haynes une idée brillante : utiliser 6 acteurs différents (dont Cate Blanchett et un jeune garçon noir, Marcus Carl Franklin) pour interpréter des facettes fantasmées à des degrés divers de la vie et de la carrière de Bob Dylan. Le réalisateur de Safe et de Loin du paradis souhaitait de cette manière s’affranchir des pièges et des lourdeurs du genre biographique. Si l’intention est parfaitement louable, il aurait fallu, pour la mener à bien, aller plus loin que ce concept qui reste cosmétique. Car avec cette seule idée sous le bras, Haynes a finalement (presque) réalisé un biopic des plus classiques.

Haynes a beau mélanger les faits avérés et les légendes, jouer avec les noms, faire appel à des références cinématographiques aussi variées que possibles et s’appuyer sur une photo et un montage ambitieux (qui font du film un magnifique objet visuel), le scénario de I’m not there est le plus souvent constitué d’éléments éculés et vains. De la difficulté à concilier vie publique et vie privée aux épiphanies soudaines qui changent le cours d’une existence, en passant par le faux documentaire et les séquences en mode automatique sur fond d’airs célèbres de la personne dont on raconte la vie, trop nombreux sont les moments où l’on se dit qu’avec ses desseins de départ, le long-métrage mérite bien mieux que ça. Dénué de la vision d’ensemble nécessaire pour surpasser le simple « coup » arty et devenir l’équivalent cinématographique de ces tableaux composés de dizaines de petites images qui, vues de loin, en forment une autre plus grande, I’m not there rétrograde au rayon des films à sketches, et partage leur faiblesse à tous : l’hétérogénéité entre les segments.

nothere-2.jpg

Chacun aura sa propre appréciation sur ce point, mais pour ma part je trouve que moins Haynes s’éloigne de la réalité, plus il rate le coche. Les passages avec Christian Bale, Heath Ledger ou même Marcus Carl Franklin m’ont ainsi semblé d’une grande platitude. La tournée anglaise de 1965 est plus intéressante, car constamment sauvée du vide maniériste par des éclairs de génie – l’apparition des Beatles, le choix de Cate Blanchett pour jouer « ce » Bob Dylan. Enfin, le meilleur intervient lorsque Haynes se lâche complètement, et convoque en surimpression de Dylan d’autres figures légendaires : Rimbaud en conscience immatérielle, Billy the Kid dans une jouissive uchronie qui l’aurait vu échapper aux balles de Pat Garrett. Alors seulement, I’m not there s’évade du carcan de la biographie pour se transformer en véritable flânerie « inspirée de la musique et des nombreuses vies de Bob Dylan » ainsi que le clame le générique.

nothere-3.jpg

Les commentaires sont fermés.