• Harry Potter et l’ordre du Phénix, de David Yates (USA, 2007)

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Où ?
A l’UGC George V
Quand ?
Hier soir
Avec qui ?
Mon frère, et une vingtaine d’autres retardataires (adultes, séance en VO oblige) profitant de l’opération « 3 jours, 3 euros » pour enfin voir ce 5è
opus

Et alors ?

Cahin-caha, la franchise Harry Potter version cinéma fait son honnête bonhomme de chemin. L’adaptation du 5è – et moins bon – des tomes vient en effet se placer dans la roue du 3è
(Le prisonnier d’Azkaban magnifié par le talent d’Alfonso Cuaron) dans le groupe des réussites, rééquilibrant la balance face aux oubliables autres films. Sur un mode
mineur, L’ordre du Phénix semble confirmer que la combine menant au succès d’un Harry Potter sur grand écran se trouve dans la trahison de l’œuvre écrite. Les
130 minutes du film sont un sprint permanent, où les intrigues secondaires et les temps morts ont été sèchement congédiés au profit d’ellipses violentes. Devant certaines scènes extrêmement
cut et réduites au minimum intelligible de plans, on se demande même si les coupes drastiques n’ont pas eu lieu avant même le montage, dès le tournage voire l’écriture et le
story-board.

Pour ceux qui ne clignent pas trop des yeux ou qui ne s’absentent pas pour aller aux toilettes, cette cure d’amaigrissement a l’avantage de rendre les choses plus simples. Le film s’articule
presque exclusivement autour du duel entre Harry, qui tente de regrouper ses alliés et de les préparer à la grande lutte qui s’annonce, et Dolores Umbridge, envoyée du ministère chargée
d’étouffer les révélations gênantes du jeune sorcier quant au retour de Voldemort – événement dont il a été le seul témoin, ce qui ne facilite pas les choses. Les méthodes de cette dernière
(encouragement des dénonciations, surveillance constante des électrons libres, châtiments corporels répétés…) sont aussi exécrables que ses tailleurs sont rose fuchsia, et le talent de la
comédienne Imelda Staunton (vue dans Vera Drake) en fait une méchante ultime, du genre que l’on adore détester. Globalement, ce sont tous les acteurs qui s’en donnent à
cœur joie dans cet épisode, des seconds couteaux réduits au rang de guest stars aux rôles principaux, qui bénéficient de l’étoffe prise par leurs personnages pour nous gratifier d’un jeu moins
emprunté.

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Un qui s’en tire lui aussi pas mal du tout, c’est David Yates. Son expérience de la télé (des séries et téléfilms tels que State of play ou Sex
traffic
), où l’efficacité et la concision priment sur tout le reste, lui confère la lucidité nécessaire pour ne pas avoir les yeux plus gros que la pellicule devant la densité des
pavés de J.K. Rowling – erreur faite par Chris Colombus (épisodes 1 et 2) et Mike Newell (épisode 4). Il s’accommode sans frustration des coupes franches du scénario, et limite les effets de
style à certaines scènes ciblées mais tout à fait réussies – une ouverture inspirée en extérieurs réels à Londres, une bataille finale transformée en feu d’artifice abstrait et somptueux pour les
rétines. Surtout, il parvient à transformer l’ennui qui régnait sur cet épisode de transition dans le livre en un oppressant temps suspendu, calme éphémère avant la tempête souligné par des
couleurs sans chaleur (bleu et vert métalliques, gris) et l’absence quasi-totale – et assez osée – de scènes heureuses.

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David Yates est également aux commandes de l’épisode suivant, Le prince de sang-mêlé, prévu pour sortir dans 1 an et demi. On ne peut que s’en réjouir, vu que celui-ci a
le même profil mineur et transitoire que L’ordre du Phénix. En attendant le dernier volet, magistrale fin de saga pour laquelle les producteurs seront réellement
attendus au tournant pour leur choix de réalisateur.

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