• Fringe (épisode pilote), de JJ Abrams (USA, 2008)

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Où ?

A la maison, récupéré sur un des réseaux p2p où l’épisode a « fuité » de manière apparemment très volontaire de chez la Fox

 

Quand ?

Mercredi soir

 

Avec qui ?

Seul (impossible d’attendre le retour de vacances de ma femme pour voir ça)

 

Et alors ?

 

Le simple nom de son créateur suffit à faire de Fringe l’événement annoncé de la rentrée TV américaine à venir : J.J. Abrams. Le créateur d’Alias, Lost et accessoirement éminence grise de Cloverfield revient avec un projet – pour le moment -
bien plus classique que ses derniers en date. Pour ne comparer qu’entre séries, Lost nous débarquait en territoire inconnu (à l’image de son île déserte) avec un récit avançant
dans les 1ers temps à pas de loup – idem, la « faute » à l’île déserte et son manque certain d’activités récurrentes. En face, Fringe déborde de références évidentes
pour le public, avec en particulier la double ombre imposante des X-files et des Experts : la 1ère série fournit son stock de phénomènes paranormaux et ses
enquêteurs appartenant à un service dédié du FBI, et la 2nde ses méthodes d’investigation scientifique de pointe, ainsi qu’une quantité massive de personnages (a priori) permanents, lesquels
justifient leur présence par de longues scènes de bavardages statiques et lourdingues.

Fringe évite cependant le naufrage programmé d’un tel clone dans le ronron de l’anonymat, en fonçant à 3000 à l’heure. Pour cela, le script est transformé dans sa 1ère partie en
une usine de recyclage tournant à plein régime, qui ingurgite toutes les inspirations des séries TV de tous genres du 21è siècle (l’Irak, les prisons, la sécurité intérieure américaine, les
rivalités inter-agences gouvernementales…) et en tire des vignettes courtes et enchaînées dans un mouvement permanent et grisant. Ce melting-pot dérangé et hyperactif montre ainsi les 2
personnages principaux amoureux dès le départ, puis plonge l’un des 2 dans le coma au bout d’1/4 d’heure ; bifurque alors vers un savant fou des années 70 qui passe en 10 minutes d’un asile
psychiatrique à son ancien laboratoire avec carte blanche du gouvernement ; laboratoire où il propose à l’héroïne de prendre du LSD pour communiquer via ses rêves avec son partenaire
toujours dans le coma !

Reformulons : cela fait 3/4 d’heure que Fringe a commencé, Abrams a balayé tous les champs TV possibles, tout ça pour nous amener à la réplique « excellent ! let’s
make some LSD »
.


Après ce tournant aussi brusque que
jouissif, la suite (et la fin) de l’épisode parvient à développer une identité propre plus franche, où les tics d’Abrams – montrer son actrice principale en sous-vêtements, goupiller une
résolution d’intrigue incluant des triples retournements d’allégeance – et un budget de 10 millions de $ bien exploité (des effets spéciaux numériques séduisants et surprenants) emballent et
compensent une légère overdose de scènes d’action bourrines. Les 1ers pas de la « mythologie » de la série sont prometteurs, avec une remise au goût du jour des X-files
– les complots ne sont plus gouvernementaux mais le fait de multinationales plus puissantes que des Etats et protégeant jalousement leurs secrets. On peut faire confiance à Abrams pour surfer sur
l’air du temps sur ce coup, mais le vrai défi à court terme pour Fringe sera d’avoir l’équivalent de l’épisode Tooms des X-files, le genre qui prouve
qu’une série est viable non seulement dans ses grands moments mais aussi en régime de croisière.

Le gros point noir semble devoir être le casting. Hormis la jeune héroïne Anna Torv dont le visage exprime tout à la fois la sensualité, la froideur et le mystère, ça s’annonce plutôt mal. Son
1er partenaire est un « vieux beau » comme seuls les USA savent en faire, et il n’est éliminé que pour laisser la place à un « jeune beau » tout aussi tête à claques (Joshua
Jackson, ex-star de teen movies recyclé par Dawson). Quant aux personnages accessoires (le supérieur hiérarchique, le savant fou…), ils sont pour le moment uniquement
fonctionnels et pas très bien écrits.

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