• Et à la deuxième saison, il ressuscita

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Flashback : j’avais laissé tomber Breaking
bad
  au milieu de sa première saison, lassé par ses sautes de niveau entre des séquences
impressionnantes et des plages de pur remplissage, faute d’une prise de position claire quant à la ligne directrice de l’intrigue. Puis plusieurs articles de presse concordants me sont passés
sous les yeux, encensant la série et surtout ayant en commun une remarque de poids : que Breaking bad n’arrête pas de se bonifier au cours de ses deuxième et
troisième saisons, méritant de plus en plus de superlatifs. J’ai donc profité de la diffusion des deux premières saisons sur Arte, démarrée fin octobre, pour reprendre le train en marche et
donner une seconde chance à l’œuvre. Bien m’en a pris ; dans le dernier épisode de la saison 1, tout bascule et pour le moment la saison 2 profite de cette impulsion pour offrir un
sans-faute narratif et formel.

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Ce qui a changé, c’est qu’il n’y a plus d’incertitude, de minauderies. Le protagoniste principal, Walt, est bel et bien devenu bad. Il a fait le grand saut, devenant une fois pour toutes
un dealer de méthamphétamine – et pas des moindres. Cette résolution, symbolisée par son nouveau look « boule à zéro » (qui le fait paraître particulièrement menaçant), ne laisse plus
d’alternatives au personnage comme à la série. Exit les parenthèses comiques et le rôle de contrepoids normalisateur des seconds couteaux ; ils laissent la place à une escalade de violence
et de cruauté qui infecte l’ensemble du scénario et des vies des proches de Walt et de son associé Jesse. Car charger le premier, et le plus fort, est désormais le seul moyen d’assurer sa survie.
« Pas de quartier, pas de sentiments » est la nouvelle doctrine en vigueur, et l’équipe de scénaristes menée par Vince Gilligan y trouve son compte. Le surplace embarrassé de la
première saison n’est plus qu’un lointain souvenir, Breaking bad raconte maintenant une histoire nette et sans bavure, déployée avec cran et panache épisode après
épisode. Une histoire de prise de pouvoir sans partage, sorte de face encore plus sombre de celle de The social network – dans
Breaking bad aussi, l’individu qui a la maîtrise de la matière première fait place nette autour de lui, sans faire de distinction entre amis et ennemis. La mise en scène
se met au diapason avec une recherche de puissance formelle, afin que la noirceur et le malaise passent aussi par l’image, rare sur le petit écran.

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Avec l’épisode 8, Better call Saul, qui vient de passer sur Arte, on perçoit bien comment la série peut être en mesure de s’élever encore plus haut. Cet épisode introduit en effet un
nouveau personnage, l’avocat véreux Saul Goodman. Sa présence ouvre tout un pan de nouvelles possibilités à l’histoire, dans le cadre du jeu du chat et de la souris à venir entre Walt et la
police. Mieux encore, le bagout cynique et l’absence de scrupules de Saul inspirent copieusement les auteurs qui lui font enchaîner les répliques ravageuses telle une mitraillette ;
« He’ll be singing like Celine Dion » étant ma favorite. Avec un tel numéro à bord, les promesses portées par Breaking bad n’ont
plus de limite.

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