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- Deux sœurs pour un roi, de Justin Chadwick (Angleterre, 2008)
 
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    Où ?
    Au MK2 Quai de Seine, dans la salle 1 qui est plutôt décevante (rangées serrées, sièges très engoncés).
  
    Quand ?
    Le jour de la sortie, à 19h
  
    Avec qui ?
    Ma femme, et une audience plutôt clairsemée pour un 1er jour
  
Et alors ?
    Hasard du calendrier, 2 œuvres audiovisuelles traitant du même événement historique arrivent en même temps en France : le film Deux sœurs pour un roi en salles et
    la série Les Tudors sur Canal +. Dans les 2 cas, le récit évoque (de manière centrale pour le film, et entre autres choses pour la série) le mariage du roi Henry VIII
    d’Angleterre avec Anne Boleyn, qui a entraîné son divorce d’avec Catherine d’Aragon – et, sur un plan moins people, la rupture de l’Angleterre avec l’Église catholique romaine, et la
    fondation de l’Église anglicane. A rebours de l’évolution actuelle plus favorable, en qualité comme en écho médiatique, aux séries plutôt qu’au cinéma (à moins qu’il ne s’agisse du 1er signe d’un
    retournement profond de tendance ?), c’est ici le film qui à mon goût s’en sort bien mieux que la série.
  

    Cette dernière joue la carte de la provocation voyante, avec personnages décrits de manière très crue et scènes de sexe explicites. Le problème, c’est que ce vernis aguicheur ne recouvre que du
    vide : platitude des dialogues, paresse de la mise en scène, absence totale de rythme, et en définitive transparence des personnages. Sous une apparence moins tapageuse, Deux
    sœurs pour un roi joue quant à lui une partition réellement dérangeante, sur la base du parti-pris inverse. Le film maintient en effet une tension sexuelle constante, et irrésolue
    tant pour le spectateur (pas le moindre bout de sein ou de fesse de la gentille blonde Scarlett Johansson ou de la méchante brune Natalie Portman) que pour les personnages. Anne Boleyn se
    refuse au roi tant qu’elle n’obtient pas officiellement le statut de Reine ; Henry lui-même délaisse l’autre fille Boleyn, Mary, après quelques ébats et tout de même un fils conçu ensemble.
  

    Pour tous les personnages, le sexe est une force maléfique, dont les effets dévastateurs s’amplifient à mesure que l’on tente de la maîtriser ; et si tout est lié à ces pulsions, elles ne sont
    jamais exprimées ouvertement, ou alors de manière brutale (la scène où Henry peut enfin posséder Anne). Au lieu de cela, tous et toutes se referment sur eux-mêmes, nient leur désir de l’autre
    jusqu’à l’extrême. Il en découle une ambiance délétère au possible, émaillée de scènes terribles de décadence morale, captées sans pudibonderie : Henry part à la conquête d’Anne le soir même
    où Mary accouche ; plus tard, traumatisée par l’attitude de son nouvel époux, Anne préférera évoquer l’idée de coucher avec son propre frère – de coucher avec une part d’elle-même – pour
    concevoir un héritier.
  

    L’ironie veut que pour mener à bien ce récit d’une grande noirceur, Deux sœurs pour un roi emploie avec succès des recettes qui ont fait leurs preuves… à la
    télévision. Loin des canons de la reconstitution historique clinquante, la construction des personnages est privilégiée face à la démonstration de force visuelle, par le biais d’un scénario se
    déroulant quasi-exclusivement en chambre plutôt qu’au grand air. La remarquable qualité d’écriture de celui-ci (dialogues inspirés, scènes allant crescendo reliées par des ellipses brutales)
    assure une cadence qui ne faiblit jamais et sur lequel tous, du réalisateur aux acteurs, n’ont plus qu’à se caler en faisant leur part du travail. Deux sœurs pour un roi
    remplit ainsi à la perfection son contrat : c’est une œuvre à grand spectacle, palpitante et fouillée, consciente de l’intelligence et de la maturité de son public et qui l’aborde comme tel.
  
