• Bonnie & Clyde, de Arthur Penn (USA, 1967)

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Où ?
À la maison, sur une K7 vidéo enregistrée sur Paris Première.

 


Quand ?

Il y a 10 jours (envie soudaine après avoir réentendu la chanson de Gainsbourg)

 


Avec qui ?

 

Seul

 


Et alors ?

 

À l’heure où l’actualité économique et financière semble nous promettre à plus ou moins court terme une crise d’une ampleur jamais vue depuis celle de 1929, certaines scènes de Bonnie
and Clyde
(qui se déroule en plein cœur de cette crise historique) prennent soudainement une résonance inattendue. Ainsi, quand les 2 gangsters croisent la route d’un fermier sur le
point d’abandonner sa maison, laquelle a été saisie par la banque pour défaut de remboursement ; ou quand un camp de vagabonds leur offre sans se faire prier eau et appui moral lors de leur
cavale finale. La sympathie envers les hors-la-loi de tous ces laissés pour compte est sans équivoque, symbole parmi d’autres de la rupture violente représentée par le film dans l’histoire du
cinéma.

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Il y avait en effet eu Scarface de Howard Hawks, premier film à
traiter de manière neutre des criminels ; il y a ensuite eu Bonnie and Clyde, premier à prendre leur parti plutôt que les mettre au ban de société. Bonnie Parker et
Clyde Barrow sont amoureux, ils ont des familles (Gene Hackman est génial en grand frère complice – dans tous les sens du terme – de Clyde), des projets pour l’avenir, de la culture et une
conscience – le fameux poème composé par Bonnie, qui servira de corps à la chanson de Gainsbourg. Face à ces 2 trublions plus immatures (la séquence où ils s’en prennent à un couple de riches
bourgeois juste pour se payer leur tête) que mauvais, et dont les intentions ne sont pas faciles à diaboliser, le mauvais rôle retombe sur les épaules de société des puissants et des
propriétaires. C’est cette caste qui se nourrit de soif de vengeance et de toute puissance, impose des règles arbitraires et violentes, à l’image de l’épisode de la saisie de la maison, et n’a
aucun égard pour les faibles comme le dénonce frontalement la scène glaçante où un policier vient voir la belle-sœur de Clyde, devenue aveugle, uniquement pour lui extorquer l’emplacement de la
cachette du couple et sûrement pas pour la réconforter ou la soutenir.

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Et au final, c’est cette société qui fait couler le sang. Si elles sont surtout restées célèbres pour avoir « inventé » l’ultra-violence graphique au cinéma, les deux interminables et
sèches fusillades qui viennent faucher les membres du gang sont l’aboutissement d’un réquisitoire sans appel contre la violence muette et sûre de son fait de l’ordre établi. Par d’autres aspects,
Bonnie and Clyde a vieilli, mais ce réquisitoire est malheureusement toujours salutaire. Un an après le film, 1968 croyait renverser cet ordre des choses ; mais 40
ans après, la chape de plomb retombe de nouveau sur les pauvres et les sans-grades. Où sont alors les Bonnie et Clyde de notre temps ? On en tient peut-être un, en mode mineur, ici.

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