• Black book, de Paul Verhoeven (Pays-Bas, 2006)

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Où ?

 

Chez moi, en DVD + grand écran

 

Quand ?

 

Jeudi soir

 


Avec qui ?

Seul (et tard : 23h), pour me refaire une idée après la vision du bouleversant et très différent Lust, Caution de Ang Lee

 


Et alors ?

 

La 2è vision est le véritable juge de paix de la qualité profonde d’un film, au-delà de l’étonnement ou de l’excitation initiale. Certaines œuvres y gagnent beaucoup, comme récemment Sunshine ou Zodiac (dont je vais encore reparler bientôt). D’autres y perdent, à l’image – vous l’aurez compris – de ce
Black book, double retour de Verhoeven : retour au cinéma 5 ans après l’amusant Hollow man, et retour dans sa Hollande natale 25 ans après
l’avoir quittée pour Hollywood.

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Avec Black book, Verhoeven aborde le film d’espionnage pendant la Seconde Guerre Mondiale via le genre du serial – ces films volontairement écervelés, où le
plaisir immédiat des rebondissements improbables, des folles courses-poursuites, des jolies filles et des méchants très méchants est privilégié à toute velléité de pesanteur ou d’introspection.
Dès les premières minutes, le cinéaste prend un malin plaisir à pratiquer une sorte de stratégie de la terre brûlée, en concluant chaque scène par une embuscade ou une fusillade qui remet tous
les compteurs à zéro et force Ellis, l’héroïne, à fuir et se réinventer sans cesse pour sauver sa peau. Péripéties rocambolesques, production aux petits oignons (les nombreux décors ainsi que la
photographie sont superbes), héroïne sexy : tout est là pour que la sauce prenne.

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Mais Verhoeven a d’autres ambitions. En particulier celle de régler ses comptes avec les Pays-Bas, pays natal avec lequel entretient une relation d’amour-haine sans l’amour. Du coup, ce qui
ressemble au départ à l’amoralité sur laquelle l’homme a signé ses meilleurs films (Robocop, Starship troopers…) tourne en réalité au cynisme
aigri et disproportionné. Les trahisons en cascade qui secouent les 2 camps de la résistance et de l’armée nazie ont pour finalité de souligner le fait que les hollandais étaient aussi pourris et
détestables, voire plus, que les nazis. L’affirmation est au mieux maladroite… Et si lors de la 1ère vision elle était étouffée par le flot continu d’aventures et de surprises, lors de la 2è elle
éclate d’autant plus au grand jour que le rythme effréné du film empêche les personnages de développer une vraie personnalité et ainsi nuancer les affirmations tranchées de Verhoeven. En
particulier, Ellis est à l’exact opposé de son homologue Wang dans Lust, Caution, en abandonnant toute identité propre au profit de ses missions successives.

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Black book n’a rien d’un film amoral et au premier degré ; il est entièrement, aveuglément au service d’une thèse. Forcément, le plaisir en est gâché.

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