• Appaloosa, de Ed Harris (USA, 2008)

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Où ?

A l’UGC Normandie, dans la salle Prestige (une programmation un peu étonnante, mais on ne va pas s’en plaindre)

Quand ?

Dimanche matin, presque aux aurores : 10h

Avec qui ?

3 copains (« de cinémathèque », « UGC », et « UGC bis »)

Et alors ?

Appaloosa est un film « nonchalant ». L’expression n’est pas de moi (elle est d’une des trois personnes avec qui je suis allé voir le film), mais je la reprends
ici car elle me semble parfaitement adaptée. Ce n’est pas en soi un défaut, mais il ne se passe pas grand-chose dans Appaloosa : peu d’action, peu de danger pour les
personnages, un récit très linéaire et qui n’a pas de grandes aspirations symboliques comme pouvaient en détenir les films de John Ford. La raison en est que contrairement à d’autres réalisateurs
contemporains comme James Mangold (le kaléidoscope de références qui compose son remake de 3h10 pour Yuma), Kevin Costner (les méditations nostalgiques sur la fin de la conquête de l’Ouest, par exemple dans Open
range
) ou même Paul Thomas Anderson (en un sens, There will
be blood
décrit la chute de l’idéal de l’Ouest, perverti par la religion et le pétrole), Ed Harris refuse de se placer dans l’après western classique. Le deuxième film de sa
carrière épisodique de réalisateur (le premier, Pollock, remonte à 2000) est au contraire un pur western classique, une série B directement issue de l’âge d’or du genre dans les
années 50.

En tant que tel, Appaloosa est honnête et efficace. Le scénario est parsemé de dialogues savoureux. Les personnages échappent à leurs clichés (le duo de héros, le méchant, la
fille, les notables de la ville…) pour tous rentrer dans un zone grise, adulte et amorale, au profit d’une évolution au fil du récit que peu de films hollywoodiens proposent de nos jours. Les
acteurs – casting de premier choix autour de Ed Harris : Viggo Mortensen, Jeremy Irons, Renée Zellwegger, Lance Henriksen… – en profitent, et mêlent le plaisir enfantin de jouer au
western avec celui d’interpréter un rôle un tant soit peu complexe. La mise en scène de Ed Harris comporte son lot d’effets plaisants et qui bonifient le film, principalement en jouant sur les
ellipses, la profondeur de champ, ou encore la position respective des personnages (un beau face-à-face entre un groupe dans un train à l’arrêt sur une voie suspendue et un autre groupe en
contrebas, à cheval). Enfin, le scénario effleure suffisamment de thèmes intelligents – la malléabilité de la loi au profit de celui qui la fait, l’amitié entre les deux héros, les écarts de
niveau social… – pour en tirer une profondeur certaine.

La grande insuffisance d’Appaloosa est l’absence d’autres films semblables à ses côtés, à l’image de ce qui se passe dans le genre du thriller où la présence massive de films
rehausse l’intérêt de chacun pris séparément, en les inscrivant dans un mouvement d’ensemble. Appaloosa, lui, est un orphelin abandonné en rase campagne. L’effort solitaire de Ed
Harris est appréciable, mais il lui manque le souffle, l’ambition pour fonctionner de manière aussi esseulée.

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