• Hostel 2, de Eli Roth (USA, 2007)

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Où ?

À l’UGC Orient-Express, le lieu souterrain de réunion secrète de ceux qui veulent voir des *vrais* films d’horreur et des comédies américaines décalées (récemment, Clerks 2 et Tenacious D)

Quand ?

Jeudi soir, le lendemain de la sortie du film en salles

Avec qui ?

Une salle pleine à 22h, preuve de la notoriété certaine qu’a acquise le cinéma avec ce nouveau positionnement

Et alors… ?

Eli Roth n’a pas raté sa suite. On pouvait craindre le pire de l’annonce si rapide de la mise en chantier d’un deuxième volet à Hostel, boucherie saisissante et extrême qui avait confirmé les belles promesses entrevues dans Cabin fever, le premier long du cinéaste. Heureusement, celui-ci est trop malin pour laisser son beau parcours s’abîmer prématurément dans l’argent facile et la paresse qui sont le lot habituel des suites de films d’horreur à succès.

Sans doute conscient que le premier volet, avait épuisé le sujet de base, Roth assume crânement le caractère mineur de cette nouvelle livrée. Non seulement le principe de départ est identique – 3 jeunes touristes américains se retrouvent piégés en Slovaquie dans une auberge de jeunesse, qui sert de réservoir de chair fraîche à une entreprise de torture offrant ses services à de riches clients – mais il est rappelé explicitement dans le prologue du film, dont le scénario suit ensuite la même structure que Hostel premier du nom. Roth traite ainsi son public de manière intelligente, et s’offre la liberté d’improviser autour d’un canevas qu’il maîtrise et dont il parvient à renouveler avec brio la mise en scène. Traitée comme une réminiscence nostalgique du premier film, l’arrivée des bourreaux dans l’usine désaffectée où se déroulent les tortures est ainsi une séquence aussi culottée que remarquable.

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Roth profite de cette absence de pression pour agrémenter Hostel 2 d’une série de bonnes idées, certes pas toutes originales (le choix de faire démarrer l’histoire directement à la fin du 1 a déjà été vu dans les Ring 1 et 2 japonais, par exemple) mais qui font du résultat final un film assez éloigné de ce à quoi on s’attendait. S’il n’est pas très inspiré dans l’écriture des personnages féminins – 2 des 3 héroïnes sont beaucoup trop stéréotypées – et si son cynisme tombe parfois dans la gratuité, sa verve fait bel et bien mouche dans les passages consacrés au fonctionnement de l’entreprise. Les enchères mondiales, la préparation des bourreaux et des suppliciés donnent lieu à des scènes fabuleuses d’humour noir, qui tranchent avec le sérieux du premier film. Quant aux 2 clients sur lesquels Roth se focalise, ils volent contre toute attente la vedette aux filles grâce au mystère (qu’est-ce qui les pousse à faire ça ?) et au suspense (vont-ils réellement passer à l’acte ?) qu’ils se voient octroyer.

Le réalisateur en oublie presque son cahier des charges, avec des scènes de gore, de sexe et d’héroïsme désespéré bien en deçà de ce qu’offrait le premier volet. L’hypothèse d’un oubli volontaire est tout à fait valable, Roth ayant montré au fil de ses films son aversion pour la redite ; de plus, les 2 séquences choc (une douche de sang, et un caméo « goûtu » du réalisateur de Cannibal Holocaust) sont particulièrement soignées, comme si le cinéaste ne voulait pas que l’on croit qu’il se ramollit pour autant. La cerise sur le gâteau est que toutes ces audaces narratives ne sont pas gratuites, mais trouvent leur justification dans un dernier quart d’heure où s’opère un assez bluffant renversement des rapports de force entre les personnages. Sans trop en dévoiler, disons juste que Roth rejoint avec brio le club des réalisateurs féministes monté par son producteur Tarantino, et qu’une constante se dessine dans son œuvre : ses héros qui ont la chance de survivre physiquement en payent le prix dans leur santé mentale…

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