• Le monde selon Monsanto, de Marie-Monique Robin (Canada-France-Allemagne, 2007)

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Où ?

 

Sur Arte

 

Quand ?

 

Mardi soir, 20h

 


Avec qui ?

 

Ma femme

 


Et alors ?

 

Entre sa diffusion sur 7 semaines du documentaire-fleuve The war de 14 * 52 minutes sur la Seconde Guerre Mondiale et ce pamphlet glacial qu’est Le monde
selon Monsanto
, Arte s’affirme comme la chaine de télévision française la plus ambitieuse et téméraire du moment. Dans les 2 cas, et bien que pour des raisons différentes, diffuser
de telles œuvres à une heure de grande écoute est une prise de position suffisamment rare et marquée pour être encensée à sa juste valeur.

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Pour désamorcer d’entrée toute accusation d’attitude biaisée et partisane (et Dieu sait qu’elles fusent vite dans un débat aussi inflammable que celui sur l’agro-alimentaire en général et les OGM
en particulier), Le monde selon Monsanto prend la forme d’une banale recherche sur Internet. La mise en scène, minimaliste, est à l’avenant : la
réalisatrice-enquêtrice Marie-Monique Robin seule devant un écran et un clavier d’ordinateur, et autour de cela rien d’autre à l’écran que l’obscurité. Très actuelle et tout à fait transparente
(puisque les sources utilisées sont à chaque fois clairement exposées à l’écran), cette méthode d’investigation est aussi d’une efficacité redoutable. Comme l’a dit Brian De Palma avec son brûlot
Redacted, aujourd’hui tout se trouve sur Internet, il suffit
d’aller le chercher. C’est ainsi qu’à partir du simple mot-clé « Monsanto », d’abord seul puis combiné à d’autres noms et verbes grappillés en cours de route, Robin va dérouler pendant
110 minutes l’immense pelote des mensonges et secrets honteux de cette gigantesque multinationale aujourd’hui principalement connue pour son désherbant Roundup et son quasi-monopole sur les
semences alimentaires génétiquement modifiées à usage commercial.

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A chaque nouveau clic dévoilant un sujet polémique, la réalisatrice part sur le terrain s’entretenir avec des scientifiques, agriculteurs et responsables politiques, en conservant de bout en bout
son exigence de sobriété et de rectitude : pas de construction scénaristique visant à créer des climax en série, pas de surenchère visuelle ou sonore pour orienter la mise en scène.
Simplement des rapports écrits, des archives visuelles, des témoignages qui accablent sans relâche – on manque parfois de perdre le fil, tant l’ensemble est d’une densité inouïe – la firme
Monsanto. Malheureusement, il n’y a en effet rien à rajouter : de PCB en dioxine, de désherbant cancérigène (le Roundup n’est ni « inoffensif » ni « biodégradable » comme
le proclamait les publicités avant leur condamnation récente, donc trop tardive) en hormone de croissance bovine, la liste des scandales de santé publique dans laquelle Monsanto a été ou est
toujours impliquée depuis 80 ans – et l’attitude détestable adoptée à chaque fois – suffit d’elle-même à faire passer les conspirations de X-Files pour d’agréables thés
dansants.

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Après ce sympathique rappel historique, Le monde selon Monsanto s’attaque au sujet le plus actuel : les OGM, avec lesquels Monsanto est passée à la vitesse
supérieure sur tous les plans. La firme étend ses desseins à l’échelle du globe, de l’Inde au Paraguay et au Mexique ; manipule les États (le noyautage total de l’administration américaine)
ou les contourne (l’implantation clandestine de semences OGM au Paraguay, pour mettre le gouvernement devant le fait accompli de leur présence) ; utilise la délation, l’étranglement
financier et autres méthodes mafieuses – le taux de mises au placard ou de licenciements chez les scientifiques ayant publiquement refusé de faire allégeance aux OGM est de 100 % – pour se
débarrasser de ses opposants. La somme de catastrophes écologiques et démocratiques causées en silence par les OGM de Monsanto atteint de telles proportions que, devant son téléviseur, on en
vient à se demander si la société contrôle réellement tous ces dérapages en cascade, ou si elle a joué une fois de trop et dans une trop grande mesure à l’apprenti sorcier. Dans un cas comme dans
l’autre, les pots cassés semblent devoir être payés par nous tous. Il reste à espérer que l’on n’en arrivera pas au cauchemar décrit dans L’armée des 12 singes, dont
Le monde selon Monsanto est un cousin un peu trop rapproché – et pour le coup entièrement réel.

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Aucune excuse pour passer à côté de ce documentaire : il repasse jeudi soir à 0h45 sur Arte ; est sorti en DVD ; et un livre retraçant l’enquête (et portant le
même titre) est également paru.

 

Une réponse à “Le monde selon Monsanto, de Marie-Monique Robin (Canada-France-Allemagne, 2007)”

  1. Sylvia dit :

    Ceci est une prise d’otage !
    Nous faisons intrusion dans ton blog car aujourd’hui ce n’est pas que la Saint Rodrigue, c’est aussi la fin des haricots !
    Pour nous, du moins…
    Nous participons à un concours de cuisine organisé par Ofimer et si nous ne restons pas dans les six premières places grâce aux votes des internautes, nous ne pourrons jamais espérer être jugées par un jury de professionnels gastronomes !
    Alors au diable l’avarice ! A ta souris et sache qu’en deux clics seulement tu peux nous sauver, nous et notre filet de lieu jaune au chocolat blanc et à la violette de Toulouse !
    Bon, nous n’avons pas la prétention de finir 1ères ni d’atteindre un jour la postérité !
    Mais nous sommes sur les dents, nous rayons le plancher, nous n’avons plus d’ongles, nous ne dormons plus, nous ne mangeons plus, car nous craignons de ne pas au moins atteindre la prochaine étape !
    On a tout essayé : supplié nos amis, nos parents, payé nos voisins, alerté les médias, fait des incantations vaudous, mais aujourd’hui, il ne nous reste plus que nos yeux pour pleurer, l’humour et… toi ! C’est par là : http://www.polldaddy.com/poll.aspx?p=379899

    Alors même si tu ne votes pas pour nous, il nous reste toujours le plaisir de découvrir ton blog