• 3h10 pour Yuma, de James Mangold (USA, 2008)

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Où ?
Au ciné-cité les Halles, où le film était déjà relégué dès sa 2è semaine dans une des plus petites salles. Le western, en France, ça ne marche décidemment plus…

Quand ?
Mardi soir

Avec qui ?
Mon compère d’UGC, et une soixantaine de personnes qui remplissaient presque entièrement la salle.

Et alors ?

Le dernier film du discret James Mangold était Walk the line, une honnête réussite du genre biopic, consacrée à Johnny Cash, de même qu’une belle machine à
dollars (120 millions de dollars au box-office) et à oscars (meilleure actrice pour Reese Witherspoon). Vu comme le western n’intéresse plus
personne à Hollywood – hormis Kevin Costner et des petits malins qui veulent faire leurs intéressants -, la possibilité qui lui a été donnée de réaliser le remake d’un classique du genre ressemble à une récompense du studio pour
services rendus. Cerise sur le gâteau, Mangold n’est pas le seul à se faire plaisir : sa version de 3h10 pour Yuma vole bien au-dessus de la moyenne des remakes.

La version originale signée Delmer Daves en 1957, sur laquelle je reviendrai dans un prochain article, est une merveille d’épure et de générosité, clairement inégalable. Mangold n’est
heureusement là ni pour l’égaler, ni même pour s’y comparer, mais simplement pour s’amuser à jouer au western. Son 3h10 pour Yuma est du coup un étonnant pot-pourri des
différents âges du genre : reprise d’un sujet des années 50 (un éleveur de bétail au bord de la faillite – Christian Bale, parfait comme toujours – accepte d’escorter un chef de gang -
Russell Crowe, un peu trop monolithique comme toujours – jusqu’à la ville voisine, pour le mettre dans le fameux train de 3h10 pour Yuma) ; Far West décrit comme dans la récente série
Deadwood, avec villes en construction les pieds dans la boue, perversité et corruption à tous les étages, exploitation des immigrés ; et l’esprit de Sergio Leone
pour veiller sur tout ce petit monde, via la musique et des personnages hauts en couleur et burinés par le soleil.

Tout ceci est plutôt bien senti et bien digéré par Mangold, mais la vraie famille du film est ailleurs. Dans une sorte d’extrapolation du style de Leone (la très belle partition de Marco Beltrami
fait d’ailleurs le lien entre les 2 influences), le réalisateur signe un véritable comic book : péripéties en cascade qui jouent à fond sur les clichés, d’une spectaculaire attaque
de diligence à une embuscade tendue par des indiens (pour n’en citer que 2), ironie mordante, personnages iconiques et vides de sens qui semblent n’avoir d’autre objectif dans le récit que de
mourir au cours d’une des nombreuses échauffourées. On gagne ainsi en plaisir immédiat du film d’aventures désinhibé ce que l’on perd en cohérence du scénario, dont les enjeux sont flous et les
embranchements peu crédibles car entérinés en 2 répliques maximum.

Là où 3h10 pour Yuma nous emballe pour de bon et fait oublier ses menus défauts, c’est dans son épilogue aussi fulgurant qu’inattendu. La proximité des protagonistes
avec la mort n’a soudain plus rien de divertissant ou de cynique, mais devient chargée d’une émotion débordante, qui nous cloue sur place. En à peine quelques secondes, Mangold donne à ses héros
et au récit une réelle portée tragique. En plus, il a l’intelligence de conclure là-dessus et de ne pas en rajouter. Chapeau !

 

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