• 13 m², de Barthélémy Grossmann (France, 2007)

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Où ?

Au cinéma L’entrepôt, dans le 14è, que je ne connaissais pas et qui est une sorte d’Utopia parisien très agréable.

Quand ?
Lundi soir
Avec qui ?

Seul, avec 5 autres spectateurs (tous masculins) dans la salle

Et alors… ?

À 24 ans, Barthélémy Grossmann réalise son 1er long-métrage (pratique courante en France), dont il est aussi co-scénariste, producteur et acteur principal. Folie des grandeurs ? Non, plutôt film à tout petit budget (l’autre co-scénariste est également directrice de production et régisseuse générale). L’autre écueil qui se pointe alors, l’amateurisme, est lui aussi évité. Hormis quelques influences pas encore tout à fait digérées (en particulier du côté de Tarantino et Fincher) et certains embranchements de scénario un peu brutaux, il rejette avec un belle constance béquilles et échappatoires et prouve qu’il ne cherche pas juste à faire un 1er film, mais un film tout court.

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13 m² est un mini – La raison du plus faible, avec lequel il partage l’idée de départ (un braquage pour échapper à une existence sans rêve) et une utilisation appuyée de la géographie des lieux. Les cités de Bagnolet, les zones en friche et les impasses miteuses comme celle au bout de laquelle les 3 braqueurs trouvent leur planque de 13m² forment un ensemble malheureusement trop cohérent, une prison implicite dont les murs sont les bretelles d’autoroutes. Le titre du film, proche de celui d’un documentaire récent sur les prisons (9 m²), et les conditions sommaires dans lesquelles vivent les persos principaux après leur attaque expriment eux aussi cette notion de prison, de même que ce qui est laissé hors champ : on ne verra rien du braquage réalisé à Paris, horizon hors de portée des habitants de la banlieue.

Le principe casse-gueule du scénario (les 2 derniers tiers se déroulent en quasi huis clos) permet à Grossmann d’affirmer un beau talent dans l’écriture des persos – dont les spécificités les rendent + humains en même temps qu’elles donnent du grain à moudre au récit – et dans la mise en scène, avec une photo réaliste réussie et des cadrages dont la neutralité augmente l’ambiance anxiogène qui règne. Car c’est bien là ce qui compte, au final : par son sérieux et son refus de la facilité, 13 m² génère une tension de tous les instants et n’est pas seulement un polar prometteur, mais bien un polar réussi.

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Le film est maintenant sorti depuis un mois, et ne passe donc plus que dans des petites salles indépendantes comme celle où je l’ai vu. Faites quand même le déplacement, vous supporterez d’un même geste un film et des salles qui le méritent.

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