• « She’s a teenager, she doesn’t know anything » (Gossip girl, début de la saison 3)

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La fin de la saison 2 de Gossip girl s’accompagnait d’une sérieuse interrogation : une fois
disparue l’unité de lieu du lycée qui liait la plupart des personnages entre eux, et qui fournissait la grande majorité des intrigues, comment la série allait-elle maintenir une légitimité à
exister – sans même parler d’un intérêt ? La réponse apportée par les premiers épisodes de la saison 3 est aussi éclatante que la question était délicate. La série a tout simplement mué, de
manière aussi franche que le cliché veut que les adolescents muent au moment de la transition entre le lycée et la fac. Et comme pour ces derniers, le « grand saut » s’est opéré sans
que l’on ne se rende compte de rien ni que l’on puisse pointer un instant précis.

 

Seul reste – et compte – le résultat : Gossip girl n’a maintenant presque plus rien à voir avec ce qu’elle a été pendant deux ans. Le monde clos et extrêmement codifié du
lycée Constance / St Jude a volé en éclats, laissant la place au « vrai » monde, celui dans lequel chacun est seul avec son environnement propre, ses dilemmes et ses décisions à
prendre. Les bénéfices à retirer de ce bouleversement sont nombreux et majeurs. Il y a ceux qui permettent de faire disparaître en un claquement de doigts certains des principaux défauts de
Gossip girl, acte 1 : ainsi le caractère parfois téléphoné, répété ou artificiel des intrigues nécessaires pour alimenter la vingtaine d’épisodes de chaque saison n’est plus
qu’un mauvais souvenir (désormais, la liberté de mouvement des personnages fait qu’il n’y a plus qu’à se baisser pour ramasser des histoires, et maintenir un rythme plus que satisfaisant) ;
de même que l’absence de légitimité des protagonistes qui ne faisaient pas partie des élèves du lycée, et qui se retrouvent dans cette nouvelle saison sur un même pied d’égalité. C’est surtout le
cas pour Vanessa, hier boulet inutile et insupportable donneuse de leçons et aujourd’hui pleinement intégrée au premier cercle, interagissant directement avec d’autres personnages, principalement
sa némésis Blair. Grâce à cela, sa profondeur progresse à pas de géant.

Il y a aussi les bénéfices qui accentuent la différence entre Gossip girl et le tout-venant du soap-opera. A ses atouts formels installés et toujours bien présents (le tournage en
extérieurs dans New York, les choix musicaux pointus, l’impertinence du ton), le show en rajoute – pour l’instant – un de taille : la résolution de décrire des couples qui marchent. Ce qui
n’est nullement synonyme de niaiserie et de guimauve dégoulinante. Blair et Chuck doivent apprendre à gérer l’équilibre instable créé par la combinaison de leurs egos surdimensionnés, Lily et
Rufus s’engueulent on a regular basis. Sans même parler de Dan, don Juan toujours aussi improbable qui doit désormais faire face au statut de super star de sa nouvelle petite amie Olivia
– génial nouveau personnage de starlette hollywoodienne déterminée à mener une vie normale en s’inscrivant à la fac, superbement servi par une Hilary Duff mutine et tout à fait à l’aise dans le
jonglage entre ces deux facettes du rôle. Les écueils existent, donc, mais la série choisit de faire son suspense sur leur résolution heureuse plutôt que sur les drames qu’ils peuvent causer. Le
jeu érotique inventé par Blair et Chuck et ses multiples variations est pour le moment la meilleure des nombreuses déclinaisons de cette orientation rafraîchissante et enthousiasmante.

 


Plongés dans le vaste monde par la plume de leurs créateurs, les héros et
héroïnes de Gossip girl tracent leur route par un mélange d’utilisation de leurs expériences de lycée (lesquelles les montraient déjà comme des adultes avant l’heure) et de mûrissement particulièrement rapide – y
compris physiquement, ils changent à vue d’œil, gagnant en complexité et en intérêt. N’en déplaise au personnage dont une réplique acerbe est citée en exergue de ce billet, ces post-adolescents
s’en sortent plutôt pas mal. Et en leur emboîtant le pas sans aucune arrière-pensée quant à ce qui a été perdu au passage, la série s’en sort très, très bien.

 

Update : depuis l’écriture de cet article, les épisodes 7 (une soirée d’ouverture d’un speakeasy ayant pour thème la Prohibition) et 8 (une intrigue de thriller politique quelque part entre
Les 3 jours du condor
et Blow out) nous ont gratifiés de deux des plus belles idées depuis le début de cette saison. Une chute de qualité est donc tout sauf à l’ordre du
jour.

 

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