• « John Locke, Substitute »

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Ça se précise : la saison 6 de Lost est pour le moment étonnamment posée, réfléchie, sûre d’elle. La fin approchant et étant désormais irrévocable, il n’est plus besoin de
rouler des mécaniques pour impressionner le client et le river à son téléviseur. Cette sérénité permet de retrouver un rythme plus lent, et proche de celui que l’on trouvait dans la première
saison – soit une progression finalement très naturelle, avec deux points d’équilibre (initial, et final) séparés par un chaos indescriptible.

vlcsnap-3581 Par rapport à la saison 1, le grand avantage de la
saison 6 est qu’elle se trouve en mesure de puiser dans la somme astronomique de personnages, mystères et recoupements accumulée au fil des épisodes. Chaque seconde des nouveaux épisodes est donc
passionnante, quelle que soit la réalité dans laquelle elle se situe, là où les premières heures de la série piétinaient assez régulièrement entre deux grands moments. Ce qui est plus imprévu, et
épatant, est la dextérité avec laquelle les scénaristes retrouvent la cohérence parfaite entre les différents niveaux de récit, y compris au milieu de cette complexité croissante. Avant la
diffusion de l’épisode 4, The Substitute, qui aurait ainsi pu imaginer que les deux versions de Locke partageaient autant de points communs ? Or c’est précisément tout l’objet de
cet épisode que de nous amener à cette constatation, en partant de l’image simple et réductrice que l’on avait de la situation (le Locke de la « réalité-L.A. » est un paraplégique âcre,
désabusé et écrasé par les coups du sort, celui de la « réalité-Île » est un demi-dieu charismatique, sûr de lui et capable de se dématérialiser à l’envi) et en faisant
consciencieusement converger ces deux pistes contraires, scène après scène.

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Dialogues, et surtout monologues sont le moyen principal employé pour y parvenir. De quoi rappeler à notre bon souvenir que Lost est une des séries les plus bavardes qui soient –
ainsi que l’une des mieux écrites. Morceaux choisis :

  • « Eventually, I got past the denial part. And I got back to living whatever life has got for me. » (Rose, au Locke de la
    « réalité-L.A. »)

  • « What I am… is trapped. And I have been trapped for so long that I don’t even remember what it feels like to be free. But before I was trapped I was a man, just like you.
    I know what it’s like to feel joy, to feel pain, anger, fear. To experience betrayal. I know what it’s like to lose someone you love. »
    (Locke de la « réalité-Île », à
    Sawyer)

Et puis il y a cet uppercut fulgurant, qui nous atteint par surprise et nous marque durablement : le « Don’t tell me what I can’t do !! », phrase symbole du
désespoir et de l’impuissance du Locke de la « réalité-L.A. » (on se souvient qu’elle accompagnait la révélation de sa paraplégie, dans l’épisode 4 de la première saison), ici criée par
le Locke de la « réalité-Île » avec la même stridence. La proximité entre les deux hommes est scellée pour de bon.

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Mais cette ressemblance se retrouve dans leur penchant pour la manipulation, l’éloquence, la capacité à convaincre des suiveurs potentiels et à troubler des opposants endurcis – pour le
leadership, en somme. C’est le cœur de la magnifique dernière scène de l’épisode, climax assurément majeur du show tout entier qui prend pourtant la forme d’une simple discussion entre
deux personnages, située dans un lieu unique et étirée sur plus de cinq minutes (une éternité à l’échelle d’une série TV). Car lorsque le Locke de la « réalité-Île » énonce, à propos de
Jacob :

« At some point in your life, probably when you were young, miserable, and vulnerable, he came to you, he manipulated you. Hold your strings like you were a puppet. And as a
result, choices that you thought you made were never really choices at all.
He was pushing you. Pushing you… to the Island. »

il dit des choses qui peuvent tout autant s’appliquer à ce qu’il est en train de réaliser sur Sawyer. Même si on peut tout de même lui accorder une plus grande franchise (il se fait connaître de
ses cibles) et un plus grand respect (il accepte qu’on lui dise non, comme le fait Richard).

 

Pendant ce temps, Ben Linus avoue devant témoins avoir tué « l’ancien » John Locke. Cet homme est en pleine crise identitaire.

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