• Star crash – le choc des étoiles, de Luigi Cozzi (Italie, 1979)

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Où ?

À la maison, en DVD acheté 1€50 par un ami

Quand ?

Jeudi soir, il y a dix jours

Avec qui ?

Mes compères de nanars

Et alors ?

Star crash est à Star wars ce que Super Inframan, chroniqué ici-même, est à Superman. Une tentative de réponse, par un pays outsider sur la mappemonde du cinéma (l’Italie, Hong Kong), à une superproduction hollywoodienne haut de gamme ayant rencontré un immense succès commercial. Dans un cas comme dans l’autre, l’ampleur de l’échec est absolument considérable. La consternation devant le film se mue en hilarité continue. L’aveuglement de ceux qui les ont fait face à leur manque de moyens, qui rend tout simplement impossible l’idée même d’un combat équitable, ne fait pas tout. Même si elle compte, évidemment : les tentatives d’effets spéciaux de Star crash sont d’une telle constance dans la nullité qu’elles prennent un tour résolument absurde. On se croit devant Sacré Graal !, c’est dire. Peintures directement sur la pellicule aussi douteuses dans leur intention que dans leur exécution, représentation de la voûte céleste qui brille par sa licence artistique (les étoiles lointaines sont des points colorés et qui bougent), vaisseaux spatiaux qui traversent l’espace et l’écran toujours selon les mêmes mouvements (les plans sont répétés en boucle)… la liste des réjouissances involontaires est particulièrement dense.

Un point sur lequel Star crash et Star wars partent a priori sur un pied d’égalité est le casting. Mark Hamill, Carrie Fisher, Harrison Ford étaient tous des quasi inconnus avant le premier film, et leur interprétation ne compte pas au nombre des arguments majeurs de celui-ci. Mais comparée au tsunami de médiocrité déclenché par les acteurs de Star crash, elle vaudrait un Oscar à chacun des trois. Au sein du casting de Star crash, ceux qui affichent ostensiblement leur totale absence d’implication et d’effort (Christopher Plummer dont la carrière était alors dans un creux, David Hasselhoff qui n’était pas encore connu) réussissent presque à passer inaperçus, éclipsés par la performance incroyable du duo Marjoe Gortner / Caroline Munro. Ces deux-là sont dans une telle osmose qu’ils fixent un standard très élevé quant à ce qu’il est possible d’accomplir comme performance d’acteur horrible en duo. Gortner et Munro partagent une même faculté à extraire d’eux-mêmes un « jeu » abominable ; et surtout, et là réside le secret de leur réussite, ils empruntent la même voie pour y parvenir. La Force de la bonne humeur en toutes circonstances et du sourire niais indéboulonnable est en eux. On ne peut prendre la pleine mesure de l’ampleur de leur inadéquation vis-à-vis du film tant qu’on ne les a pas vus de ses propres yeux rigoler bêtement, échanger des exclamations et des regards pétillants d’excitation gamine, se féliciter mutuellement comme après une partie de marelle réussie dans la cour d’école alors qu’ils viennent juste d’échapper à l’énième arme vaguement mortelle des méchants. Même si Star crash avait été une réussite sur tous ses autres aspects, la surpuissance du duo Gortner / Munro l’aurait mis à terre.

Bien sûr, on en est loin puisque Star crash n’est une réussite sur aucun aspect. Même à l’état de mots jetés sur le papier, son scénario étant un long hara-kiri de 90 minutes. Je ne parle même pas là des incohérences qui s’accumulent par dizaines (la plus belle : les gentils qui attaquent la base spatiale des méchants en y envoyant à travers la baie vitrée des vaisseaux, qui transportent les soldats deux par deux, et qui ne provoquent aucun souci de dépressurisation dans la base). Le script de Star crash a un tour encore plus époustouflant dans sa manche. Il consiste en l’esquive de tous les moments forts de l’histoire sans exception. Tout ce qui démontre le plus léger potentiel pour être une scène d’action spectaculaire ou un climax émotionnel est inévitablement passé à l’as. Le résultat est savoureux : Star crash est un montage de séquences d’expositions, de transitions, de bilans parsemé de trous béants. A chaque trou, c’est la crise de rire assurée tellement tout cela est ridicule et n’a absolument aucun sens – et cela dès les premières minutes, un accomplissement qui mérite d’être souligné.

[Un compte-rendu autrement plus exhaustif de ce joyau est disponible sur Nanarland.]

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