• La planète des singes : les origines, de Rupert Wyatt (USA, 2011)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles, dans une des trois grandes salles, pleine. Une autre de ces salles est également dévolue au film ; pleine elle aussi pour ce premier soir d’exploitation. Le très gros succès aux USA de ce reboot de La planète des singes est bien parti pour se prolonger en France

Quand ?

Mercredi soir, à 19h

Avec qui ?

MaFemme

Et alors ?

Avec son ambition opportuniste claire (quarante ans après, exhumer La planète des singes de son somptueux tombeau pour voir si par chance il resterait quelque chose que les pillards des quatre suites déjà apportées au film n’ont pas encore raflé) et son trio créatif sortant de nulle part – un réalisateur dont le précédent long-métrage est sorti directement en DVD, un duo de scénaristes qui n’ont aucune référence sur IMDb depuis 1997 et le très quelconque film d’horreur Relic –, La planète des singes : les origines avait sur le papier de sérieux arguments à faire valoir pour aspirer à une place sur le podium d’un classement à l’envers des blockbusters de l’été. Mais il faut se méfier de ce genre de série B. Quels que soient les éléments de départ dont elles disposent, il suffit qu’elles les agencent avec le bon état d’esprit et un punch suffisant pour que le ridicule annoncé s’efface, et fasse place nette pour un divertissement tout à fait louable et engageant. Voire (bien) plus.

La planète des singes : les origines applique à la lettre la règle d’or de la série B : disposer d’un point de départ et d’un point d’arrivée francs, et se transporter du premier au second le plus vivement et le plus résolument possible. Pas de temps mort pour souffler ou réfléchir, tout se fait à l’énergie et à la conviction de la mise en scène. Le film surfe ainsi au-dessus de notre incrédulité, en niant les omissions de son scénario et la facticité de ses personnages (de simples automates au service de l’avancement de l’intrigue) et en passant en force d’un palier au suivant de son récit catastrophe. Cette linéarité catégorique installe La planète des singes : les origines dans un mouvement d’accélération constante qui se combine à merveille avec la conclusion terrible qui doit être la sienne. Son point final devant correspondre au contexte désabusé de l’œuvre d’origine, le film ne peut que nous mener droit dans le mur et c’est tout à son honneur que de le faire sans tergiverser. Même le renversement de perspective qui lui permet de ne pas être une œuvre trop sombre, et donc rebutante pour le grand public, passe en définitive pour plus habile et bien senti que retors et fourbe. Ainsi que l’indique son titre original, Rise of the planet of the apes, La planète des singes : les origines ne raconte pas tant la fin du règne des humains sur la Terre que les prémisses de celui des singes. La critique des facultés autodestructrices acquises par notre espèce à l’ère moderne s’en trouve mise en sourdine (à un tel point que l’introduction de ces passages obligés dans l’histoire se fait à la va-vite), mais nous ne sommes pas pour autant affranchis de notre rôle de méchants dans l’affaire.

Le film déploie en filigrane un fond de perversité, qu’il est impossible pour le public de ne pas remarquer car il est incarné par des visages – ce qui est presque plus fort que s’il était étayé par des paroles. Le principal responsable de la catastrophe, celui qui enfreint toutes les règles de l’éthique scientifique et du bien-être commun, est un jeune et beau docteur auquel James Franco prête ses traits. Quant à celui qui porte les valeurs positives classiques d’Hollywood (héroïsme, résilience aux épreuves et aux supplices, droiture morale), il a les traits d’un singe que les technologies modernes – motion capture et images de synthèse – permettent de rendre plus réaliste et donc plus « laid » que le recours à des acteurs soigneusement grimés. En prime, la soif de liberté de ce singe et de son bataillon d’insurgés ne leur tombe pas dessus comme une révélation providentielle mais trouve sa source dans leur éducation. Le développement de leur intelligence va inévitablement de pair avec l’enrichissement de leur conscience. Prendre le parti des singes en toutes circonstances (l’ensemble du dernier acte libérateur et finalement spectaculaire est suivi entièrement depuis leur point de vue) était déjà un pari osé sur le plan de la narration. Il l’est infiniment plus lorsqu’il envahit le terrain du propos de fond véhiculé par le film. Doubler une récréation bien ficelée et jubilatoire d’un récit d’émancipation d’un groupe d’individus pensants et éveillés, récit dont, si l’on osait, on pourrait dire qu’il fait écho aux soulèvements apparus tout autour de la Méditerranée ces derniers mois : il fallait bien toute la malléabilité qui habite le monde des séries B pour donner naissance à un tel croisement, improbable et électrisant. La planète des singes : les origines n’a rien d’un fossoyeur de l’original ; c’en est le digne héritier, un reboot au sens propre puisqu’il réadapte son concept aux bouleversements présents.

Une réponse à “La planète des singes : les origines, de Rupert Wyatt (USA, 2011)”

  1. pim_pam dit :

    Je trouve que ce film est plus marquant que ce que j’aurais pensé juste à la sortie. Je l’ai vraiment trouvé bon

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