• Une famille respectable, de Massoud Bakhshi (Iran, 2012)

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Où ?

À la maison, en DVD distribué par Bac Films (sorti le 2 avril dernier) et obtenu via Cinetrafic

Quand ?

Vendredi soir

Avec qui ?

MaBinôme

Et alors ?

La république islamique d’Iran est un cauchemar pour nombre de ses citoyens, en même temps qu’une matière de cinéma d’une richesse considérable. Au fil des années et des cinéastes (Kiarostami, Panahi, etc.) le sujet s’est montré compatible de quantités de partis-pris et d’audaces cinématographiques. Pour Une famille respectable, Massoud Bakhshi se présente avec un projet d’un genre nouveau : observer son pays au travers du prisme du film noir. Séduisante sur le papier, cette idée confirmera à plusieurs reprises son potentiel à l’écran. Dès l’impressionnante scène d’ouverture, véritable proclamation d’intention qui associe vue subjective et espace confiné, deux marqueurs typiques du thriller ; et encore, à l’autre bout du récit, lors de la révélation de la machination qui s’est jouée à l’insu du héros Arash. Une fois les mâchoires du piège refermées sur lui Bakhshi dévoilera la réalité telle qu’elle est, et non plus le mensonge qu’Arash avait été aiguillonné à voir à sa place. Le résultat est remarquablement glaçant. Sur le chemin entre ces deux bornes le thriller se cantonne à une trame servant de fil conducteur, auquel viennent se rattacher les différentes pièces qui composent un état des lieux de l’Iran contemporaine, que Bakhshi veut le plus exhaustif possible.

La famille respectable du titre et ses multiples ramifications autour d’Arash est l’allégorie du pays, dont elle croise toutes les facettes, de la guerre contre l’Irak dans les années 1980 à l’intégrisme religieux, de la débrouille entrepreneuriale louche à l’aspiration clandestine à la liberté d’expression et d’information. L’ambition de Bakhshi d’une vue en coupe embrassant tout a les défauts de ses qualités : dense mais quelque peu écrasante (surtout si l’on n’a pas déjà une certaine connaissance du pays et de son histoire), foisonnante mais légèrement dispersée. Le sentiment qui prédomine est que chacune des deux composantes d’Une famille respectable, le portrait de groupe et l’intrigue à suspense, est solide et fonctionne bien en soi ; même si leur amalgame en un seul film, où chaque partie tirerait l’autre vers le haut, ne s’accomplit pas tout à fait. Cette limite se fait essentiellement sentir lorsque la conclusion subite intervient, privant le long-métrage d’un dernier acte où les deux aspects se seraient bel et bien mêlés. Bakhshi fait de la transformation de la conscience politique d’Arash en un engagement concret l’horizon final de son récit. Il aurait pu aller plus loin, poursuivre dans cette voie soudain ouverte et riche en bouleversements potentiels. Sans cela, Une famille respectable est un film tout à fait… respectable, mais n’exploitant pas toutes les cordes qu’il a à son arc.

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