• Sur la piste du Marsupilami, d’Alain Chabat (France, 2012)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles

Quand ?

Lundi soir, à 22h30

Avec qui ?

MaBinôme

Et alors ?

Dix ans (déjà) après s’être intéressé à l’histoire des Égyptiens et des Pyramides, Alain Chabat repart en expédition sur un autre continent, cette fois-ci en Palombie, pays de la tribu des Payas et du légendaire Marsupilami. Et si tout cela n’existe pas, ce n’est pas de sa faute mais de celle de son guide, Franquin, visiblement moins bien informé quand il s’est attelé à la rédaction des aventures d’un animal jaune et noir à la queue de huit mètres de long que Goscinny et Uderzo pour leur album d’Astérix chez Cléopâtre. La démarche a certes a priori un air de calcul intéressé : se relancer comme par hasard dans le portage sur le grand écran d’une bande-dessinée après avoir atteint le score de quinze millions de spectateurs par ce même biais. C’est peut-être dans cette référence patente que se trouve l’origine d’un certain mépris dont a été l’objet ce nouveau film, dont la carrière pourtant consistante (il finira au-delà des cinq millions d’entrées) s’effectue dans la discrétion, et sous le feu assassin d’une partie des critiques – de la part de journaux comme au sein du grand public.

La véhémence de celles-ci, qui m’avait inquiété avant que je n’aille voir le film, m’étonne maintenant que c’est fait. Bien sûr, la comédie est l’un des genres les plus tributaires de la subjectivité du spectateur pour décider de l’adhésion ou non de ce dernier. Mais tout de même, soutenir que le talent humoristique et cinématographique de Chabat a disparu d’une adaptation à l’autre me semble impossible sans avoir recours à la mauvaise foi et au préjugé qu’il allait en être ainsi (le besoin récurrent de déboulonner aujourd’hui ses idoles d’hier). Oui, Sur la piste du Marsupilami est un ou deux crans en-dessous de Mission : Cléopâtre. Il ne retrouve pas au degré près l’équilibre miraculeux et doux-dingue de son illustre prédécesseur, le plus souvent, semble-t-il, justement par peur de ne pas parvenir à faire aussi bien et à fédérer autant de monde dans un même rire général. La poignée de blagues impliquant des animaux, la vague histoire avec les enfants recueillis par Pablito / Jamel Debbouze, le jeu en surchauffe demandé à ce dernier (qui est parfois le rôle et parfois son propre personnage comique) apparaissent comme des moyens, maladroits, de se rattacher à des ficelles éprouvées et sans péril ni intérêt.

Hormis dans ces moments de faiblesse, Sur la piste du Marsupilami est une comédie française haut de gamme, et une réjouissante comédie tout court. Chabat porte une attention précieuse à des choses malheureusement trop souvent négligées par ses confrères : fluidité du récit, intégrité des personnages (même si les femmes sont toujours la dernière roue du carrosse dans ses scénarios), importance du point de vue du cadre et du timing du montage dans la réussite d’un gag. Les fondations du film sont tout à fait saines, et Chabat peut y adosser son délicieux humour absurde et farfelu. La tête dans les nuages, ou plutôt dans les bulles d’une bande-dessinée, il fait peu de cas du réalisme et déroule sans se brider ses idées de blagues visuelles ou verbales, référentielles ou originales, soudaines ou au développement étendu. Son écriture humoristique très personnelle et très proche de la BD façon strips, avec des personnages à l’écriture élémentaire mais très efficace, des gags déclenchés sans avoir recours à mille contorsions préalables, donne au film une belle homogénéité de ton à tous les niveaux. De son intrigue-prétexte (l’extravagante prophétie Paya qui englobe tous les protagonistes, et qui est l’occasion à mi-parcours d’un génial petit dessin animé en roue libre) à ses gags les plus éphémères, tout vient du même réservoir, sensiblement inépuisable vu le rythme mitraillette tenu.

Un des atouts communs entre Sur la piste du Marsupilami et Mission : Cléopâtre est leur faculté à associer des acteurs au style et au bagage comique hétéroclites. Chabat a l’œil pour identifier leurs terrains de prédilection, et la dextérité pour trouver à chacun une place dans sa composition d’ensemble. Fred Testot, Patrick Timsit, et bien évidemment Lambert Wilson et son incroyable numéro de groupie de Céline Dion n’ont pas un temps de présence phénoménal à l’écran, mais leurs apparitions sont suffisamment bien senties pour avoir une portée maximale. Enfin, il y a une chose que Sur la piste du Marsupilami a et que Mission : Cléopâtre n’avait pas : l’aventure. Sans chercher à en faire une composante essentielle de son récit, Chabat s’en tire avec les honneurs sur les appels qu’il effectue ici et là à ce genre. Les scènes d’action affichent un beau dynamisme, et le Marsupilami de synthèse est une réussite dans son apparence comme dans l’aisance de ses mouvements en houba houba hop.

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