• Le deuxième souffle, d’Alain Corneau (France, 2007)

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Où ?

A la maison, en DVD zone 2 emprunté au CE

Quand ?

Samedi soir tard, en accéléré par moments

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Le principe qui veut que la greffe d’un corps étranger peut provoquer un rejet violent s’applique aussi au cinéma. Le deuxième souffle en est à son insu la preuve éclatante. Il ne
suffit de truffer de ralentis chorégraphiés à la John Woo ses fusillades entre gangsters, de tenter l’expérience du filmage en numérique HD, d’exacerber la palette de couleurs de la photographie
(très envoûtante, au demeurant) : si toutes ces bonnes idées sont appliquées comme simple enrobage sur des fondations de film qui n’ont rien à voir, le tout est voué à l’échec.

Dans le cas présent, derrière l’originalité de façade se cache en effet – très mal – un polar franchouillard dégénératif. Celui-ci se rêve en héritier des glorieuses années 50-60 mais n’est que
l’énième rejeton d’une mode bien plus récente et méprisable : la reproduction sous forme d’image d’Épinal ripolinée et mensongère d’un passé idéalisé. Le plan qui accompagne le générique de
fin semble ainsi directement photocopié des Choristes ou de La môme. Dans cet océan de surproduction indigeste (décors, musique) une brochette d’acteurs
patrimoniaux fait le minimum contractuel (sauf Michel Blanc, seul à réellement habiter son personnage), des dialogues beaucoup trop écrits se succèdent sans fin (où est passé le mutisme de Dassin
et Melville ?), le scénario erre sans but d’une scène à la suivante au gré d’un montage heurté et d’où toute fluidité est absente… Tout bien considéré, personne ne trouve sa place dans cette
plongée dans un autre style, une autre manière d’être – peut-être jusqu’à Corneau lui-même, à voir certains plans ridicules au cours des fusillades. On ne peut qu’être triste de voir un cinéma
ainsi ampoulé, figé dans sa routine et ses habitudes.

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