• Jimmy P. (psychothérapie d’un indien des plaines), de Arnaud Desplechin (France-USA, 2013)

Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!

Où ?

Au ciné-cité les Halles, dans l’une des trois grandes salles

Quand ?

Jeudi soir, à 20h30

Avec qui ?

MaBinôme

Et alors ?

J’aurais aimé aimer Jimmy P.. Beaucoup. Car Arnaud Desplechin est un cinéaste dont l’œuvre n’a cessé de me remuer et m’impressionner depuis ses débuts. Mais cette fois, rien de tout cela ne s’est produit. Jimmy P. est pourtant pétri de bonté et de douceur, à un point que peu de films peuvent se targuer d’atteindre. L’histoire est simple, cristalline même, comme sortie d’un classique d’antan : un homme souffre, un autre va l’aider à surmonter cette épreuve. Partant de là Desplechin fait donc de l’anti-Desplechin, à tous les niveaux. Récit linéaire plutôt qu’éclaté, nombre de personnages restreint au possible, volonté de guérir les névroses plutôt que de les apprivoiser et d’en faire pourquoi pas des armes envers son prochain… L’entropie laisse à la place à l’empathie, l’apaisement se substitue au chaos. Malheureusement ces belles intentions ne se concrétisent pas, et restent étouffées au sein d’un long-métrage qui a trop à voir avec un mauvais film d’antan. Autour des deux comédiens centraux Mathieu Amalric et Benicio Del Toro, irréprochables dans leur investissement et leur présence, tout ou presque dans Jimmy P. penche du mauvais côté, celui du mélo psy édifiant.

Le genre, très codifié, a eu son heure de gloire dans le cinéma américain au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, soit précisément le lieu et l’époque dans lesquels Desplechin s’installe. Il récupère au passage les gênes rencontrées par les locataires précédents. Le scénario est excessivement simple et confiant, garrotté par l’absence de doute sur le point d’arrivée et même le chemin qui y mène. Les personnages annexes sont vidés de substance et réduits au rang de spectateurs. Enfin les rêves, centraux dans le processus de guérison, sont maladroitement retranscrits et incorporés au cours du récit – Desplechin se montre beaucoup moins à son aise dans l’illustration de l’irréel que de l’« hyper-réel » (la très belle scène d’opération finale, dans la droite ligne de celle d’Un conte de Noël). Une séquence résume tous ces maux : Jimmy confie à Georges avoir rêvé la nuit précédente mais ne pas s’en souvenir. Georges débloque quasi instantanément ce verrou, Jimmy lui raconte alors un songe long et détaillé, dont l’analyse faite dans la minute par Georges donne aux deux hommes les clés nécessaires et suffisantes pour soigner Jimmy. À force de tant de tranquillité, d’évidence et de quelques maladresses, Jimmy P. m’est devenu trop distant, trop évanescent. La démonstration médicale (la psychanalyse) y prend le pas sur la vulnérabilité artistique (le cinéma), ce qui en fait un film où le contenu dévore le contenant.

Laisser un commentaire