• Frankenweenie, de Tim Burton (USA, 2012)

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Où ?

Au ciné-cité les Halles (en 3D)

Quand ?

Vendredi soir, à 22h30

Avec qui ?

Seul

Et alors ?

Sa quête éperdue d’idées empruntées ailleurs, pour remplacer celles que lui-même n’a plus depuis le milieu des années 1990, a fini par ramener Tim Burton à son point de départ. Ce n’est pas si surprenant que ça, et même plutôt logique étant donné que cela fait plusieurs années que le cinéaste récupère des sujets qui correspondent à son image de marque dans toutes les formes d’art – littérature (Charlie et la chocolaterie, Alice au pays des merveilles), comédie musicale (Sweeney Todd), série tv (Dark shadows). Le voici rendu à s’exploiter lui-même comme substitut à son inspiration défunte, en réalisant le remake en version longue d’un de ses courts-métrages de jeunesse, Frankenweenie. Comme son titre l’indique, il s’agit d’une variation sur le thème de Frankenstein où un garçon solitaire et rêveur, Victor, perd son chien et seul ami Sparky dans un accident, et décide de le ramener à la vie. La manœuvre, à base de choc électrique déclenché par la foudre, fonctionne pour Sparky, et pour Burton. Le premier acte, qui recopie fidèlement la trame du court-métrage, est ce que le réalisateur a fait de mieux depuis une éternité. Le film est solide narrativement, l’intrigue et les personnages y progressant de concert au gré de séquences inspirées et de fait émouvantes ; ainsi la mort de Sparky, qui arrive très tôt et pourtant nous laisse avec une boule dans le ventre. Dans les scènes qui suivent, de théorie (le cours de science) et de mise en pratique (l’expérience de réanimation), la fabrique esthétique et caustique de Burton ne tourne pas à vide, chose qui ne semblait plus possible.

Mais le miracle s’arrête net. Une fois rendu à ce point de l’histoire, Burton se doit de trouver de quoi remplir deux actes supplémentaires et inédits avant de pouvoir se raccorder au dénouement du court-métrage (reproduit comme le reste presque à l’identique). Et là, son anémie créative éclate au grand jour. Le vide scénaristique de la partie moderne et inédite de Frankenweenie est si considérable qu’il fait terriblement peine à voir. On n’y perçoit aucun intérêt pour les personnages, dont l’existence a pour seul horizon le gag (ordinaire) qui leur est associé. On n’y trouve pas plus de trace d’une volonté d’explorer, même succinctement, n’importe laquelle des pistes thématiques ouvertes par le sujet. Les rares moments qui s’en approchent sont bâclés – par exemple la vindicte populaire à l’encontre du professeur de sciences, copie exsangue d’un motif dont Burton a pourtant déjà tiré des scènes superbes. Une comparaison en particulier est cruelle, c’est bien sûr celle avec Edward aux mains d’argent, qui commençait une fois le monstre créé et tenait toute la durée d’un long-métrage sur les problématiques nées de son face-à-face avec la société. Frankenweenie, lui, ne dit rien, ne pense rien, et même ne rêve rien, se repliant pour son final sur un cinéma de clins d’œil et d’empilement (plusieurs enfants ressuscitent leur propre animal domestique, chacun faisant référence à un classique du genre horrifique), forme déjà pauvre en soi et pour laquelle Burton ne présente aucun génie. Le feu d’artifice tourne au dérisoire pétard mouillé.

Le happy end qui lui fait suite n’est pas meilleur, loin s’en faut, mais on peut au moins lui trouver un intérêt. Car film après film, il est dorénavant clair que Burton n’a jamais été un dynamiteur, mais un gamin aspirant simplement à être admis tel qu’il est, avec sa légère différence, dans la communauté des gens normaux. La conclusion de Frankenweenie décrit exactement cette acceptation sans condition – qui a le délétère effet de rendre le cinéaste pas plus intéressant que les êtres banals présents dans son œuvre.

2 réponses à “Frankenweenie, de Tim Burton (USA, 2012)”

  1. pim_pam dit :

    Et que dire de sa mère qui ne fait que passer l’aspirateur et se déplace en talons hauts dans la maison toute la journée, et a pour seule lecture des livres à l’eau de rose.
    Moi j’ai plus aimé, la première partie était vraiment super, et a contrebalancé la longueur du reste.(son « anémie créative » voilà, hein.)

    • Erwan Desbois dit :

      Ah mais oui, la mère, elle m’était sortie de l’esprit au moment d’écrire ma critique et pourtant qu’est-ce qu’elle a pu m’énerver pendant la séance… personnage désespérant de mère au foyer « modèle » (du point de vue masculin bêta), qui s’épanouit en faisant la cuisine (muffins, gaufres, cookies, etc.).
      Le début du film est superbe, mais le fait que Burton l’ait écrit il y a trente ans en atténue la grandeur à mes yeux. C’est un peu comme un chanteur qui remettrait un ancien tube sur un nouvel album pour en relever le niveau.

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