• En cloque, mode d’emploi, de Judd Apatow (USA, 2007)

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Où ?
À l’UGC George-V

 


Quand ?

 

Vendredi soir

 


Avec qui ?

 

Ma fiancée

 


Et alors ?

 

Je l’annonce tout net : En cloque, mode d’emploi est LA révélation de ce mois d’octobre dans les salles françaises. À tel point que je ne vais pas tarder à me jeter
sur le DVD anglais déjà disponible… Ce film au titre si brut (fidèle en cela à la VO : Knocked up), nouveau bébé de Judd Apatow, l’auteur-réalisateur de 40 ans,
toujours puceau
, est une comédie dans la lignée des séries US du nouveau millénaire. Les scénaristes y construisent des personnages crédibles, et ensuite seulement cherchent à
insérer à leurs histoires des blagues – qui du coup font d’autant plus mouche.

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Le couple principal, s’il est on ne peut plus mal assorti, est tout de même constitué de 2 parties humainement crédibles : Ben, loser physiquement quelconque et vivant en marge de la
société, et Alison, blonde californienne type qui veut faire carrière à la télévision. Autour d’eux, on trouve d’un côté la bande de potes ados attardés et squatteurs de Ben (leur ambition :
monter un site web indiquant précisant les instants des films où on voit les actrices à poil), chez qui on va trouver le plus de gags « faciles » (Apatow sait visiblement de quoi il
parle :p ) ; de l’autre, le couple physiquement, socialement et patrimonialement idéal dans lequel vit Debbie, la grande soeur de Alison – qui sert de cible à l’attaque en règle du film contre la
norme dictatoriale américaine, génératrice de remarques acides comme « il est gros, il a des gènes de gros, ton bébé sera obèse »…

 

Ce parti pris réaliste et surtout progressiste surprend d’autant plus qu’il s’impose avant même que l’histoire n’ait démarré. La facticité du monde vendu par la chaîne de télé où travaille
Alison, la tyrannie de la beauté plastique, la paranoïa de Debbie (qui télécharge des cartes indiquant les pédophiles vivant dans son quartier, et espionne les mails de son mari) tissent un
arrière-plan engagé qui ne s’estompera jamais au prétexte de faire rire. Dans ce contexte, la décision de Alison et Ben d’avoir contre vents et marées l’enfant né d’une soirée trop arrosée et
conclue sans capote devient plus qu’un point de départ comique : c’est la première salve de l’assaut mené avec le sourire par une bande de potes talentueux et complices contre les clichés de
conte de fées bien ordonnés habituellement servis par Hollywood. Alison et Ben ne vivront ni coup de foudre parce que « en fait, on a tant en commun ! », ni séparation
raisonnable car « nous ne sommes pas du même monde, la récré est finie ». Réunis par les aléas de la vie, ils vont chacun y mettre du sien pour faire fonctionner un foyer
improbable mais heureux. Pour un peu, on se croirait devant Tout est
pardonné
face à tant de tranquille subtilité.

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En plus d’être très, très drôle (souvenirs en vrac : le test de grossesse, la recherche du « bon » gynécologue, une virée entre mecs à Las Vegas sous champignons hallucinogènes…), le
film dit donc des choses pas bêtes sur la banalité parfois étouffante du quotidien, ainsi que sur la maternité et ses sacrifices. La mention « mode d’emploi » accolée au titre
se révèle pour le coup très pertinente – surtout qu’avec ses scènes de sexe crédibles (et néanmoins hilarantes), son utilisation de la caméra à l’épaule et sa séquence d’accouchement marathon
n’occultant pas grand-chose, En cloque… aurait presque des faux airs de documentaire. Mais le documentaire le plus désopilant de l’année alors.

 

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