• Cannes, 21 mai : Adieu Berthe, de Bruno Podalydès

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Aujourd’hui il y a eu beaucoup de pluie, encore (au point de me faire craquer et acheter un parapluie, tout homme a sa limite d’imperméabilité), et à l’abri dans les salles obscures il y a eu moins d’exotisme que les jours précédents, mais beaucoup de cinéma, d’intelligence, et donc de plaisir. Côté français, la comédie Adieu Berthe en rattrapage de la Quinzaine. Le plaisir y est celui de retrouver son auteur-réalisateur Bruno Podalydès en grande forme, après un film en demi-teinte (Le parfum de la dame en noir) et un franchement catastrophique (Bancs publics). Adieu Berthe est un savoureux précis d’humour absurde, à toutes les échelles du petit détail en arrière-plan à l’agencement des intrigues. La vie étant absurde, et les sentiments amoureux insaisissables, Podalydès préfère en rire jusqu’à l’approche de la mort (qui fait « pif », « pouf », « psschitt » ou « crac »), aux pompes funèbres ou dans les maisons de retraite. La plupart des gags sont très bons, très peu sont à jeter, et quelques uns sont même plutôt géniaux. De même que l’est l’échappée du dernier acte vers plus d’émotion, et sa conclusion prestidigitatrice.

Côté américain, le documentaire Room 237 – en première présentation à la Quinzaine cette fois. Là, le plaisir est d’accompagner le réalisateur Rodney Ascher dans ses rencontres avec des individus obsédés par le Shining de Kubrick et ayant fomenté à son sujet des théories plus ou moins valables (allégorie de l’Holocauste ou du génocide des Indiens d’Amérique) ou farfelues (confession implicite par Kubrick de sa mise en scène des fausses images du débarquement sur la Lune). Sans fausse note sur son contenu, Room 237 est surtout remarquable par sa forme. L’importance dans le propos et la qualité de la musique composée pour le documentaire le tire vers le ciné-concert ; et son usage des possibilités du numérique pour manipuler à sa guise les images de Shining afin d’illustrer et commenter les démonstrations de ses intervenants donne un résultat assez unique, l’équivalent d’un mix d’un album entier par un DJ pour en tirer de nouvelles sonorités et sensations. Voilà clairement un film qui n’aurait pas pu se faire il y a dix ans.

Le temps me manque, alors je parlerai demain de ma troisième séance de la journée, la reprise dans la section Cannes classics de Runaway train, réalisé en 1985 par Andrei Konchalovsky. Le temps me manque, car je repars direction le Grand Théâtre Lumière pour la séance spéciale de minuit : Ai to Makoto, comédie musicale japonaise commise par Takashi Miike. Autant dire que ça promet d’être déjanté.

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